Le mardi 13 février, de 10h à 12h, le journaliste camerounais Remy NGONO, accompagné de Lisa Viola ROSSI, chargée de communication et de sensibilisation, Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique, et Pierre DASSIE, stagiaire, a été accueilli au lycée des métiers Nicolas Louis Vauquelin pour le programme de sensibilisation Renvoyé Spécial organisé par la MDJ.
Monsieur NGONO a rencontré une trentaine d’élèves de BTS Pilotage des Procédés et de la classe d’accueil UPE2A. Pour lui souhaiter la bienvenue mesdames Louisa MAZOUZ, proviseure, et Catherine AZOULAY, proviseure adjointe, se tenaient aux côtés des professeures : Sarah MEYER, Jeanne MAROT et Virginie BONNEFONT. Enfin, Marianne ACQUAVIVA, représentante du CLEMI, partenaire de la MDJ, et Pauline CLAUDE, médiatrice culturelle Arcadi, ont également assisté à la rencontre.
Cette intervention se déroulait dans le cadre de Renvoyé Spécial Île-de-France qui met en avant des journalistes-écrivains afin qu’ils partagent leur expérience de professionnels de l’information mais aussi d’auteurs. Renvoyé Spécial est organisé en partenariat avec le CLEMI et Presstalis.
Monsieur NGONO (ancien journaliste pour la chaîne d’état camerounaise CRTV, puis directeur et animateur de la Radio Télévision Siantou) a commencé par raconter l’histoire du Cameroun. Colonisé par la France jusqu’en 1960 et le Royaume-Uni jusqu’en 1961, il a connu le même dirigeant, Paul BIYA, premier ministre de 1975 à 1982 puis président de 1982 à aujourd’hui, soit 43 ans au pouvoir. La France pendant ce temps-là a connu 5 dirigeants. Le Cameroun a été élu deux fois le pays le plus corrompu au monde par Transparency International, sa presse diffuse de la propagande et chaque matin chante des chansons honorifiques.
Le journaliste a ensuite témoigné de ses raisons pour partir en exil : le 5 août 2003, Monsieur NGONO a été arrêté alors qu’il était avec son fils, et a écopé de 6 mois de prison. Les policiers l’ont déshabillé de force, toujours devant son fils, au commissariat, puis ils l’ont enfermé dans la prison Kondengui à Yaoundé. Dans cette prison, il existe plusieurs quartiers, en fonction du délit commis. Le journaliste s’est retrouvé enfermé au Kosovo, quartier des terroristes, l’hygiène y est déplorable, les prisonniers ne mangent qu’une fois par jour à 11 heures, une portion de riz grande comme un demi verre d’eau. N’ayant que 700 places de libre, le Kosovo accueille 2400 personnes, les prisonniers morts sont laissés pour compte avant d’être envoyé dans la chaufferie. Là, ils sont abandonnés aux rats et aux insectes. Quand la mort frappe finalement, ils sont entassés dans des fosses communes.
Six mois plus tard, le journaliste est libéré. Les autorités lui demandent de s’excuser publiquement : il refuse et pour ne pas revivre l’enfer de la prison, il décide alors de prendre la route de l’exil.
Devant lui, dans la classe du lycée Vauquelin il y a beaucoup de nationalités représentées. Certains viennent de Tunisie, Chine, Salvador, Mali, Côte d’Ivoire, Arménie, Lituanie, Cuba ou encore de Mauritanie. Les élèves ont posé des questions sur sa vie et son exil, ses ressentis et ses sentiments. Remy NGONO a conclu : « Je veux laisser un message pour la jeunesse. Pour la postérité. J’aurais pu laisser une voiture ou de l’argent, mais les idées sont bien meilleures ».
La rencontre s’est conclue par un présent de la part des élèves. Ils ont fabriqué du savon de différentes couleurs à l’effigie de Renvoyé Spécial. Un joli souvenir apprécié par le journaliste et l’équipe de la MDJ.
Réactions des élèves :
Les jeunes de l’unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) ont répondu par écrit à plusieurs questions après la rencontre. Un exercice difficile pour eux qui découvrent la langue française, mais aussi car parfois le témoignage du journaliste en exil fait appel à leur propre histoire.
« Si je veux devenir journaliste, ce témoignage me servira car j’ai compris beaucoup de choses sur ce métier. »
« J’ai appris beaucoup de choses sur le Cameroun mais j’ai surtout été marqué par la violence envers les journalistes. »
« pour moi abandonner son pays et être contraint à l’exil est une chose horrible. »
« J’ai été marqué par l’histoire de cette femme venue accoucher dans un hôpital mais qui est morte car le médecin a refusé de l’aider à cause de l’argent. »
« Pour un gouvernement dictatorial, les journalistes ont forcément tort car il ne veut pas dire la vérité sur la situation du pays. »
« J’ai peur pour les journalistes car ce travail est très risqué. »
« Le rôle d’un journaliste dans la société d’aujourd’hui est d’être un témoin. »
Revue de presse : à venir