[PORTRAIT] Comme beaucoup de ses confrères, Mahamat n’a pas eu d’autre choix que de mettre ses compétences de journaliste au service du régime dictatorial tchadien. Mais une fois sa rédaction quittée, le jeune homme enquête sur les massacres perpétrés dans son pays.
Articles
Les journalistes Taha SIDDIQUI et Sara FARID étaient au lycée Gutenberg le mardi 5 juin pour témoigner de la situation de la liberté de la presse au Pakistan. Cette rencontre a été organisée dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, en partenariat avec le CLEMI et Presstalis. Pour cet évènement, la MDJ a également pu compter sur le soutien de la région Ile-de-France et la sénatrice Esther BENBASSA.
Journalistes et photographe par passion ! Ces deux journalistes originaires du Pakistan ont traversé bien des épreuves avant de se résigner à quitter leur pays. En exil en France depuis le début de l’année 2018, ils ont accepté de raconter leur histoire au lycée Gutenberg situé dans la ville de Créteil.
Une cinquantaine d’étudiants et professeurs étaient présents dans la salle ce jour-là pour les écouter. Pendant près de deux heures, les journalistes ont pu retracer avec les élèves la géopolitique, la situation des minorités, du droit à l’éducation et bien évidemment celle de la liberté d’informer au Pakistan. « Le témoignage des journalistes m’a permis d’en apprendre plus sur la situation politique et le Pakistan en général » raconte un lycéen à l’issue de la rencontre. « J’ai été frappé par la situation des minorités dans ce pays et également par les problèmes rencontrés par les enfants, les femmes, les personnes transgenres… ».
Histoire, politique…le journaliste Taha SIDDIQUI a débuté la rencontre en dressant un tableau général de son pays. À travers une série de photographies dont elle est l’auteur, la photojournaliste, Sara FARID, a également abordé avec les élèves la situation des femmes, des enfants et de ceux « qu’on ne laisse pas s’exprimer » dans ce pays d’Asie du Sud. Sur l’un de ses clichés, un groupe de jeunes filles assiste à un cours improvisé dans la rue, devant leur école détruite. Une photo évocatrice des difficultés rencontrées par les femmes qui militent pour l’accès à l’éducation dans le pays de Malala Yousafzai.
Impossible de présenter le parcours des deux intervenants sans évoquer avec les élèves, les raisons de leur exil. Le journaliste Taha SIDDIQUI enquêtait depuis plusieurs années sur des sujets liés à la corruption et à des abus de pouvoir. Il était avec Sara FARID, victime de harcèlement. Sur le terrain, la photographe a été à de multiples reprises menacée pour avoir exercé sa profession. C’est un évènement survenu le 10 janvier 2018, qui les décidera finalement à rejoindre la France. Ce jour-là, alors qu’il est en route pour l’aéroport, Taha SIDDIQUI est agressé par une douzaine d’hommes. Le journaliste échappe de peu à l’enlèvement en parvenant à s’extraire in extremis du véhicule dans lequel il est emmené de force.
En France, les deux journalistes continuent à se mobiliser pour la liberté d’informer. Le journaliste Taha Siddiqui a ouvert un site internet: safenewsrooms.org pour permettre à des journalistes en Asie du Sud de témoigner des difficultés qu’ils rencontrent. Cette plateforme est aujourd’hui censurée au Pakistan.
Les réfugiés sont de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les droits des journalistes sont bafoués. Pour la journée mondiale de la liberté de la presse, La Maison des journalistes a organisé sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris un hommage aux dessinateurs de presse. Reporter sans frontière continue de pointer du doigt des pays comme l’Iran, la Corée du Nord ou l’Arabie Saoudite… 168 journalistes sont encore emprisonnés dans le monde.
[ Reportage publié par France 24 le 3 mai 2010: http://www.youtube.com/user/france24 ]
Interview à Fazal Ur-Rehman Afridi, journaliste pakistanais, ancien résident de la MDJ.