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Mercredi 23 mai, la Maison des journalistes a accueilli une délégation du Service pénitentiaire d’insertion et de probation de Paris (SPIP), mais également des juges d’application des peines de Paris ainsi que des membres de la direction de l’établissement pénitentiaire Paris la Santé. Pendant plus de deux heures, les personnes présentes ont pu échanger avec les journalistes et l’équipe de la MDJ dans le cadre du programme de sensibilisation Renvoyé Spécial.
Ce rendez-vous a ouvert la première édition de cette nouvelle déclinaison du programme de la MDJ mise en place en partenariat avec le SPIP et la Mairie de Paris en 2018. Dans l’optique des prochaines activités qui s’adresseront aux Personnes Placées Sous Main de Justice (PPSMJ), des pistes et bonnes pratiques étaient au cœur des discussions.
En début d’après-midi de mercredi 23 mai, une délégation du personnel du Service pénitentiaire d’insertion et de probation de Paris (SPIP) a pris place dans la salle de réunion de la MDJ. « Depuis 2002, l’association accompagne et héberge des professionnels de l’information contraints de fuir leur pays pour avoir voulu pratiquer une information libre. Mobilisés contre la censure, plusieurs de ces journalistes choisissent sur la base du volontariat de prendre part aux différentes activités de sensibilisation aux valeurs citoyennes et à la liberté d’informer, menées par la MDJ depuis douze ans ». C’est cette démarche qui a été présentée au personnel du SPIP au cours de la visite par Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Communication et Sensibilisation.
Dans le cadre d’un programme appelé Renvoyé Spécial, plusieurs journalistes de la MDJ sont amenés à intervenir dans des lycées à des fins de sensibilisation. Lors de ces rencontres, leur parcours devient le fil conducteur d’une discussion sur leur pays d’origine, les droits de l’Homme, la laïcité, l’importance de la liberté d’informer mais surtout sur les valeurs démocratiques. Dès cette année, dix interventions seront organisées en partenariat avec le SPIP de Paris. A ce propos, Anne AVERINK, une des directrices du SPIP 75, a précisé que « La première rencontre avec les Personnes Placées Sous Main de Justice sera organisée dans le cadre d’un stage du SPIP « Dialogue et identité », s’adressant à des personnes prévenues ou condamnées, avec une problématique identitaire. D’autres auront lieu en fin d’année dans la Maison d’arrêt de la Santé, actuellement en restructuration.»
Après avoir visité les lieux, les membres de l’équipe de la MDJ ont détaillé les différentes actions mises en œuvre par la structure. L’association met notamment à disposition des journalistes « Quatorze chambres individuelles sur une période limitée, car la liste d’attente pour accéder à nos services est toujours longue : actuellement nous comptons une vingtaine de demandes d’hébergement», rappelle Antonin TORT, responsable de l’Action Sociale et Hébergement
A coté de ces deux missions principales de la MDJ, l’association située rue Cauchy, exerce également une activité éditoriale : sur le journal en ligne L’œil de la Maison des journalistes, les professionnels de l’information en exil peuvent s’exprimer librement. Guillaume WULFING-LUER, Community Manager de l’association, explique « L’objectif est de faire connaître leurs voix et leurs plumes. On veut mettre en avant des discours différents.»
Pour mieux comprendre les activités de sensibilisation de la MDJ, deux journalistes en exil sont venus échanger avec la délégation du SPIP. Hicham MANSOURI, journaliste d’enquête d’origine marocaine et Rowaida KANAAN, reporter et présentatrice radio d’origine syrienne, leur ont expliqué de quelle façon ils se sont adressés aux jeunes dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial.
« Aucune rencontre ne ressemble à l’autre », soutient M. MANSOURI, qui a fait preuve d’une grande pédagogie lors des dizaines rencontres auxquelles il a participé. Le journaliste explique comme à partir d’images, de dessins de presse et de photographies, il a amené son public à s’interroger sur la liberté d’expression, le rôle des médias et la censure.
Chaque parcours a également ses spécificités. L’histoire de Rowaida KANAAN, journaliste syrienne, permet par exemple de revenir sur la situation de ce pays en proie à des conflits armés depuis 2011, le sort réservé aux femmes emprisonnées dans les geôles du régime et la situation d’insécurité des lanceurs d’alerte.
À l’issue de cet événement, le personnel du SPIP a pu interroger les intervenants sur les réactions des jeunes participants à ces rencontres : « Quelles questions reviennent le plus souvent ?, Quel est leur degré d’attention ? …. ». Depuis 2016 les journalistes sont invités à intervenir auprès des jeunes encadrés par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dans des maisons d’arrêt, dans des clubs de prévention ainsi que dans les Maisons de la vie associative et citoyenne de la ville de Paris. Un public différent qui invite les journalistes à aborder ces échanges sous des angles particuliers.
Avant de conclure l’événement, un questionnaire a été remis au personnel du SPIP. Nombreux sont les participants qui ont émis l’envie de reproduire ces rencontres dans le cadre de ce nouveau partenariat. Ils évoquent aussi l’intérêt de ces présentations pour évoquer des problématiques comme l’exil, la radicalisation, les perspectives de retour des personnes réfugiés. « Je trouve ces journalistes très courageux… je leur souhaite pleine réussite dans leurs projets ». Des mots de remerciement ont été adressés à l’équipe de l’association ainsi qu’à ses professionnels.
Rencontre avec le personnel du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, SPIP, de Paris à la @MDJournalistes pic.twitter.com/quyUYGxrU5
— MaisonDJournalistes (@MDJournalistes) 23 mai 2018
Ci-dessous le programme de l’opération Renvoyé Spécial Mairie de Paris-Club de prévention du 11ème et du 12ème mis en place à partir d’avril 2018 chez l’association Olga Spitzer (35 Rue de la Folie-Regnault, 75011 Paris) dans le cadre du projet d’éducation à l’image et à la critique mené par la Mairie de Paris (Circonscription 11ème et 12ème arrondissements – DPSP Education à la critique et à l’image, prévention de la radicalisation), en collaboration avec ABC insertion.
- Mercredi 4 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème : Une arme dans votre poche (smartphone) – Rencontre-Atelier avec Hicham MANSOURI, journaliste-bloguer marocain en exil
- Lundi 23 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème : 1 000 000 vues brisent les frontières – Rencontre-Atelier avec Makaila NGUEBLA, journaliste-bloguer tchadien en exil
- Mercredi 25 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème (rencontre à la MDJ) : « Un « Prison Break » journalistique – Rencontre-Atelier avec B.G., réalisateur-journaliste turc en exil
Les 1er et 2 mars a eu lieu la Convention nationale sur l’accueil et les migrations dans la ville de Grande-Synthe dans les Hauts-de-France. Plusieurs journalistes de la MDJ ont participé à cet événement qui pose la question de l’accueil des réfugiés.
La MDJ était représentée par six journalistes en exil : Halgurd SAMAD (Kurdistan), Hicham MANSOURI, Abdessamad AIT AICHA (Maroc), Larbi GRAINE (Algérie), Makaila NGUEBLA (Tchad) et Beraat GOKKUS (Turquie). Ci-dessous leurs rapports des ateliers auxquels ils ont participé durant la convention.
Parmi les thématiques abordées : « (Re)penser les hospitalités », « Comment rassembler élu.e.s, citoyens et acteurs associatifs ? » ou encore « Entre la légalité et la légitimité à agir, comment assumer nos responsabilités collectives ? ».
Cliquez ici pour lire l’article de Beraat GOKKUS
Une Voix forte s’est élevée au Nord ! « I AM A REFUGEE »
(L’œil de l’exilé, le 7 mars 2018)
Ci-dessous les retours de nos intervenants :
Hicham MANSOURI, Atelier 1 : Accueil et règlement de Dublin
Beraat GOKKUS Atelier 3 : (Re) penser les hospitalités : initiatives d’elu.e.s
Larbi GRAINE, commentaire en marge de la convention
Le jeudi 22 février, la MDJ a accueilli un groupe d’une dizaine de jeunes et professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de la Direction territoriale du Val d’Oise. A les accompagner, Stéphane COUSIN, chef de service éducatif et Odile VILLARD, référente laïcité citoyenneté, pour ce premier « Stage de Citoyenneté » qui s’insère dans le cadre d’une convention spécifique avec la DT PJJ Val d’Oise, conçue lors d’une collaboration menée en partenariat avec le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture en 2016. La journée était jalonnée de rencontres avec des journalistes exilés et de moments d’échanges avec l’équipe de la MDJ.
Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Communication et sensibilisation, a accueilli le petit groupe à partir de 10 heures, avec Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique, et Clara LE QUELLEC, bénévole. Après une présentation du lieu et une courte histoire de l’association, les jeunes ont été invités à traverser les différents bureaux, où ils ont rencontré Antonin TORT, Responsable de l’Action Social et Hébergement, Guillaume WULFING-LUER, community manager en charge de la rédaction de L’œil de la Maison des journalistes, et ils ont finalement découvert les différentes mission du Pôle communication, en charge par ailleurs des activités culturelles et de sensibilisation. Cette première partie a vocation à montrer toutes les parties en action dans une association et toutes les énergies nécessaires à la bonne réalisation des missions de la MDJ.
La matinée s’est poursuivie avec Hicham MANSOURI, journaliste marocain en exil et en attente d’une réponse de sa demande d’asile depuis un an et demi maintenant. Il a partagé sans filtre son expérience de la prison marocaine et son regard sur le journalisme citoyen. Il a particulièrement insisté sur la responsabilité de chacun et surtout des jeunes devant le pouvoir et les dérives possibles des réseaux sociaux. Les auditeurs ont été frappés par les images qui témoignent des conditions inhumaines des prisons marocaines.
Le repas a été l’occasion d’échanger avec d’autres résidents de la MDJ dans la salle à manger commune. Ensuite, les visiteurs ont été guidés à travers l’exposition « Dessins pour la paix » mise en place en collaboration avec Cartooning for peace. Il s’agit d’une succession d’onze panneaux pour aborder l’importance du dessin de presse comme moyen d’expression universel, mais aussi des questions difficiles comme « peut-on rire de tout ? » ou le traitement satirique de la religion dans la presse. L’exposition met également la lumière sur plusieurs thématiques importantes dans l’histoire du dessin de presse comme la censure, le racisme ou encore le droit des femmes et des enfants.
Enfin, les jeunes ont pu découvrir l’histoire d’un journaliste turc réfugié en France suite au putsch manqué de 2016. Il a partagé sa vision de la politique dans son pays et a raconté comment ses collègues et amis restés en Turquie sont aujourd’hui en attente de leur procès ou condamnés à perpétuité pour avoir travaillé pour des journaux d’opposition. Quand un jeune lui demande ce que ça lui fait de témoigner devant eux, il répond : « Je suis content de partager mon histoire car j’espère qu’elle va ouvrir votre esprit, vous, la nouvelle génération. Quand vous prendrez une décision politique, en votant par exemple, vous la prendrez avec cette ouverture d’esprit. »
Pour conclure cette journée, le journaliste turc a proposé de diffuser le documentaire qu’il a réalisé sur la situation des migrants à Paris et qui a d’ailleurs gagné du prix pour le meilleur Short-Short au Festival du Film indépendant de Berlin 2018. Dans « Breakfast of Champions« , il dénonce les conditions indignes dans lesquelles les réfugiés attendent la reconnaissance de leur demande d’asile. Ce travail a un écho tout particulier pour le journaliste qui déjà en Turquie travaillait sur la thématique des réfugiés. Aujourd’hui, il est le réfugié et observe la situation avec un tout autre regard.
Si les histoires sont différentes, les témoignages des journalistes de la MDJ permettent aux jeunes de la PJJ d’être sensibilisés à la liberté d’expression et la liberté de la presse en France et dans le monde. Il est essentiel qu’ils quittent les murs de la MDJ conscients de la responsabilité et du pouvoir qu’ils ont en tant que citoyens.
Vers 16 heures, un moment de débriefing a clôturé la journée. Ci-dessous des retours des jeunes participants :
« J’ai appris la vie ».
« Je me suis rendu compte de ce qui peut arriver à tout le monde par l’Etat, la police…. C’est très touchant ».
« Les deux témoignages nous ont permis de réaliser que le droit de liberté d’expression n’est pas acquis dans tous les pays et que certaines personnes se battent encore pour l’obtenir ».
« Je savais qu’être journaliste était un métier difficile… mais je ne connaissais pas cette face de ce métier ».
« Je ne comprends pas pourquoi ils doivent faire tout cela car ils font simplement leur métier et on leur interdit de dire des vérités car cela peut faire bouger des choses ».
« Je trouve ce qu’ils font très courageux ».
« La liberté de la presse est importante car elle est l’essence même de la démocratie ».
Les 1er et 2 mars aura lieu la Convention nationale sur l’accueil et les migrations dans la ville de Grande-Synthe dans les Hauts-de-France. Plusieurs journalistes de la MDJ participeront à cet événement qui pose la question de l’accueil des réfugiés, une question qui s’impose dans le débat public et dans les réalités locales. La MDJ sera représentée dans ces débats par cinq journalistes en exil : Halgurd SAMAD (Kurdistan), Hicham MANSOURI, Abdessamad AIT AICHA (Maroc), Larbi GRAINE (Algérie), Makaila NGUEBLA (Tchad) et un journaliste turc. Ils incarneront les grands témoins des ateliers organisés durant la convention et partagerons leurs conclusions devant le grand public. Parmi les thématiques abordées : « (Re)penser les hospitalités », « Comment rassembler élu.e.s, citoyens et acteurs associatifs ? » ou encore « Entre la légalité et la légitimité à agir, comment assumer nos responsabilités collectives ? ».
La ville de Grande-Synthe au coeur de l’actualité ces dernières années a réuni de nombreuses associations et ONG pour échanger pendant deux jours avec notamment un panel important de personnalités : Anne Hidalgo (Maire de Paris), Benjamin Stora (Historien, Professeur et Président de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration), Pascal Brice (Directeur Gral de l’OFPRA), Eric Piolle (Maire de Grenoble), Frederic Leturque (Maire d’Arras), Pierre Laurent (Secrétaire national du PCF) mais également Benoit Hamon, Aurélien Taché (Député LREM), Michel Agier (Dir. d’études à l’EHESS), Rony Brauman (co-fondateur de MSF) , Cédric Herrou, ainsi que des représentants du HCR, de la Cimade, de MDM et des associations locales.
Autour de la convention sera proposée une programmation culturelle et artistique.
Inscription en ligne. Pour en savoir plus sur l’événement, cliquez ici.