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C’est à Kigali au Rwanda que s’est tenue du 5 au 9 juillet dernier, la 47ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) sur le thème « Gouvernance mondiale : le rôle des parlementaires pour une paix durable ». Cet événement a rassemblé plus de 350 participants dont 220 parlementaires d’une quarantaine de section de l’APF.

Invitée à assister aux travaux de la Commission de l’Education, de la communication et des affaires culturelles de l’APF présidée par Laurent Wehrli, la directrice de la Maison des journalistes, Darline Cothière a été auditionnée sur la mission de la MDJ, son fonctionnement, ses projets et aussi ses perspectives d’avenir.

Plusieurs questions ont été soulevées par les parlementaires qui ont manifesté beaucoup d’intérêt pour la Maison des journalistes. Elles ont porté principalement sur la sécurité des journalistes en temps de crise, les actions de plaidoyer en faveur de la liberté de la presse, les programmes éducatifs de la MDJ pour sensibiliser au respect des valeurs fondamentales et citoyennes. Ils se sont intéressés également aux profils des journalistes réfugiés et spécialement ceux issus des pays de la Francophonie, à ce qui a motivé leur exil, au processus de leur admission à la MDJ, à leur insertion socioprofessionnelle en Europe.

Parmi les autres points à l’ordre du jour de la commission : la présentation du guide sur la sécurité des journalistes et l’intégrité de l’information en période électorale réalisé par l’OIF, la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, la restitution des biens culturels spoliés durant la colonisation, l’usage du français au sein de l’espace francophone ou encore le projet de résolution sur le décrochage scolaire.

Depuis plusieurs décennies, l’Assemblée parlementaire francophone, en tant qu’instance politique, prépare et adopte des résolutions sur des sujets qui intéressent la communauté francophone qui sont ensuite transmises aux chefs d’Etats et de gouvernements lors des sommets de la Francophonie. Elle incite également les parlementaires à prendre des mesures législatives impactantes au sein de leur pays pour construire un monde plus juste et plus humain.

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En marge de son audition à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, Darline Cothière a eu un long entretien avec Antoine Anfré, l’Ambassadeur de France au Rwanda. Leur discussion a porté notamment les perspectives d’avenir de la Maison des journalistes qui célèbre ses 20 ans.

Le vendredi 30 mars, la MDJ a accueilli un groupe d’élèves du collège Chatenades de Mussidan dans l’académie de Bordeaux. Accompagnée de leurs professeurs, la vingtaine d’élèves a été accueillie par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Sensibilisation, et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique pour une visite des locaux de l’association et une rencontre avec plusieurs journalistes.

Les journalistes Abdessamad AIT AICHA et Halgurd SAMAD entourés des élèves du collège des Chatenades, de leurs professeurs et de l’équipe de la MDJ. Photos © Margot FELLMANN

Dans le cadre d’un voyage de classe à la découverte de l’engagement citoyen, les élèves de 5e et leur camarades en classe ULIS (Unitée Localisée pour l’Inclusion Sociale), des jeunes en situation de handicap léger, de retard cognitif ou social, ont passé quelques jours à Paris. Ils ont notamment été reçus par les Restos du Cœur pour participer à une distribution de soupe sur la place de la République ou encore par Amnesty International. Un voyage qui s’est conclu avec la visite de la MDJ.

Tout de suite guidés vers la salle de réunion, les élèves bordelais ont pu entendre les mots de bienvenus de Darline COTHIERE. « J’imagine que vous connaissez un peu la MDJ, que faisons-nous ici ? » et à l’un des jeunes de répondre : « vous récupérez des journalistes en danger ». Les adolescents ont été préparés à cette visite par leurs professeurs. Dans leurs mains, un crayon et un petit carnet qui les a suivi à travers les rencontres de la semaine et qui reprend les questions préparées pour mieux connaitre la MDJ.

Le premier journaliste intervenant pendant cette matinée était Halgurd SAMAD, venu du Kurdistan irakien. Pour lui, « être journaliste, c’est plus qu’un métier. C’est défendre la liberté d’expression de tout le monde. » C’est donc sans détour qu’il répond aux questions de jeunes, impressionnés par cet homme qui a été agressé à deux reprises pour avoir exercé son métier de journaliste. « Des policiers ont cassé ma caméra, ils ont confisqué mon matériel ». Les élèves veulent comprendre : pourquoi doit-on fuir son pays ? comment peut-on tout abandonner ? « Un ami journaliste a été tué. Devant sa maison car il avait dénoncé les méthodes de la police et la corruption. » C’est le moment déclencheur, et c’est aussi par ces mots que les collégiens vont comprendre.

« On laisse sa mémoire, sa famille, ses amis, les biens matériels. On laisse tout. » Halgurd SAMAD

Cette réalité dure à saisir est l’un des enjeux de l’opération Renvoyé Spécial qui encadre cette journée. Il faut notamment faire prendre conscience aux jeunes de la chance qu’ils ont de grandir en France, mais aussi qu’ils ont une place à prendre dans la lutte pour la liberté d’expression, en tant que citoyen.

Le marocain Abdessamad AIT AICHI est ensuite venu se présenter devant le petit groupe. Il témoigne de son engagement pour le journaliste d’investigation et le journalisme citoyen dans son pays. Un engagement qui l’a poussé à fuir et à assister aujourd’hui, impuissant depuis la France au déroulement de son procès pour « atteint à la sécurité de l’état ». Les jeunes se penchent sur leurs questions pour en savoir plus : « Préférez-vous le Maroc ou la France ? J’aimerais rentrer au Maroc. Mais j’aime la France, c’est une terre d’accueil. On y trouve beaucoup de nationalités, je ne sens pas ma différence », raconte le journaliste.

« J’avais envie de vivre dans un espace de liberté. » Abdessamad AIT AICHA

Les réactions des élèves :

« Il faut continuer à se battre contre les lois contre les journalistes » (Théo)

« Je trouve cela triste car la vie des journalistes exilés peut être totalement chamboulée par un article ou un tweet. » (Maéline)

« Cela a dû être dur à vivre. ce témoignage nous fait rencontre compte de la dureté d’exercer ce métier. »

« La démocratie est importante pour ne pas avoir à mentir sur son opinion et pouvoir être sincère. » (Benoîte)

« J’ai appris comment se passe la vie des journalistes exilés ici. L’histoire d’Halgurd SAMAD est triste. » (Emma)

« Ce témoignage m’a permis de mieux comprendre les vies et les histoires des journalistes en exil, mais surtout la politique dans leurs pays d’origine. Je pense que ça ne se fait pas de leur avoir donner des menaces de mort. » (Jason)

 

Le jeudi 29 mars, le lycée Edgar Quinet de Paris (9e arr.) a reçu la journaliste Nazeeha SAEED. Originaire du Bahreïn, elle est actuellement en exil en France grâce au soutien du réseau ICORN et de la Ville de Paris, dont elle est résidente.

À l’occasion de la Semaine de la Presse et des Médias dans l’École®, les élèves de seconde Bac Pro Commerce avaient préparé cette rencontre avec leurs professeurs coordonnés par la professeure documentaliste Françoise JACQUES. Une action qui s’inscrit dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, menée en collaboration avec le CLEMI et avec le soutien de Presstalis.

La journaliste Nazeeha SAEED est accompagnée d’une professeure (à g.) qui assure la traduction de la rencontre en anglais. Photo © Lisa Viola ROSSI

Accompagnée d’une délégation composée de représentants de la MDJ, de la Ville de Paris ainsi que du CLEMI, Nazeeha SAEED a été reçue par les professeurs organisateur de la rencontre ainsi que par Olivier SELLIER, proviseur, et Manuel HERRAIZ proviseur adjoint pour l’enseignement professionnel.

En ouverture de cette rencontre parisienne, Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, a ainsi commencé la rencontre en présentant en quelques mots les missions de la MDJ et plus particulièrement l’opération Renvoyé Spécial. Elle était accompagnée de Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Sensibilisation et Communication, et de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique. Marianne ACQUAVIVA, coordinatrice du CLEMI pour l’académie de Paris, sa collègue Marie-Esther D’ANJOU, ainsi que Karin FOULEDEAU de la Délégation générale aux Relations internationales de la Ville de Paris, étaient également présentes et sont intervenues pour présenter aux élèves les institutions qu’elles représentent et leur rôle dans l’opération Renvoyé Spécial.

Darline COTHIERE s’adresse aux élèves de la classe avec (de g. à d.) Olivier SELLIER, proviseur, les professeures organisatrices, Margot FELLMANN, volontaire, Nazeeha SAEED, journaliste, et Karin FOULEDEAU, représentante de la Ville de Paris. Photo © Lisa Viola ROSSI

Une élève de la classe se lève pour poser sa question à Nazeeha SAEED en anglais avec l’aide d’une professeure du lycée Edgar Quinet qui se charge de la traduction. Photo © Margot FELLMANN

L’intervention de Nazeeha SAEED a commencé par une présentation de son parcours. Elle a parlé de son pays, le Barheïn, de son travail de journaliste et des raisons qui l’ont poussée à prendre la route de l’exil. Les lycéens avaient ensuite préparé des questions en anglais. Ils ont particulièrement été intéressés à comprendre la situation politique qui a entraîné l’engagement de Nazeeha SAEED pour la liberté d’expression dans son pays. Ils ont également été très curieux de connaître les sentiments de la jeune femme et la manière dont elle vit cette période difficile.

Les professeures sont intervenues tout au long de l’échange pour encourager la réflexion des élèves. Pour conclure, l’une d’elles a invité les jeunes à exprimer un adjectif pour décrire Nazeeha SAEED : «Courageuse», «Indépendante»,  «Libre», «Forte», «Engagée». Un moment qui a fortement émue la journaliste.

Pour la remercier de sa présence, le lycée Edgar Quinet a offert un bouquet de fleurs à Nazeeha SAEED qui a été applaudie à plusieurs reprises par les jeunes et le corps enseignant.

Les réactions des élèves

« Le témoignage de Nazeeha SAEED m’a appris que la liberté de la presse n’existait pas dans tous les pays, que nous avions de la chance de vivre dans un pays libre et avec des droits. »

« Je trouve la situation des journalistes exilés très dure psychologiquement car ils n’ont pas pu s’y préparer. »

« Certains journalistes ne se laissent pas faire. Mais après, comme madame Nazeeha SAEED, ils sont emprisonnés car ils ont voulu faire leur travail, leur devoir. C’est grâce à des personnes comme elle que nous allons changer et bouger les choses. »

« J’ai été frappée par sa solitude. Elle ne voit pas souvent sa famille. »

« Nazeeha SAEED a vécu beaucoup de choses traumatisantes mais elle reste néanmoins une femme très courageuse, forte indépendante et libre. »

Sur les réseaux sociaux

 

Le vendredi 23 mars, la MDJ a reçu une délégation de cinq journalistes haïtiens dans le cadre d’un voyage de presse organisé par la direction de la Presse et de la Communication du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce voyage avait pour objectif de permettre à ces professionnels de l’information de découvrir les médias français de l’intérieur et d’échanger avec des journalistes y travaillant afin de pouvoir travailler au développement des médias en Haïti.

Accompagnés de Jean-André VIALA, représentant du Ministère des Affaires étrangères, ils ont été accueillis et guidés par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, et Denis PERRIN, membre du Conseil d’Administration, ainsi que par Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique. Cette rencontre a également été l’occasion de rencontrer le responsable de la division Afrique du CFI (Agence française de coopération de médias), Bernard CHENUAUD.

Darline COTHIERE et Denis PERRIN entourés de la délégation de journalistes haïtiens, accompagnés de deux journalistes de la MDJ, de Turquie et de Syrie, ainsi que de Reza JAFARIAN, ancien résident de la MDJ. Photos © Margot FELLMANN

La visite a permis à la délégation haïtienne de découvrir la MDJ, structure unique au monde, mais aussi de rencontrer leurs confrères, victimes de répression dans leur pays pour avoir voulu pratiquer une presse libre. Depuis sa création en 2002, la MDJ a accueilli une dizaine de journalistes haïtiens, preuve s’il en faut que la situation du pays en matière de liberté de la presse n’est pas optimale. Après un tour des locaux de l’association et la rencontre avec les différentes personnes travaillant à l’Action sociale, à la Communication et à l’Oeil de la Maison des journalistes, mais aussi au Foundraising, le petit groupe a aussi pu échanger avec deux journalistes de la MDJ, un turc et et un syrien.

S’engager pour une presse libre, des Caraïbes au Moyen-Orient

Cet après-midi placé sous le signe de l’échange s’est poursuivi avec un moment de discussion. Les membres de la délégations haïtienne ont partagé le regard qu’ils portent sur la presse dans leur pays : « On ne peut pas dire que la presse en Haïti soit menacée quand on regarde d’autres pays. Mais les médias sont à l’image du pays : affaiblis, a expliqué l’un d’eux. Par exemple, nous ne connaissons pas d’enquête sur la corruption alors que le pays est clairement touché, plusieurs rapports le montrent. »

Les deux journalistes actuellement hébergés par la MDJ ont à leur tour partagé avec les visiteurs leurs histoires, les causes de leur exil mais aussi leurs espoirs de reconstruire leur vie en France et de voir l’avenir de leur pays s’éclaircir. Enfin, ils ont également pu expliquer les raisons de leur fort engagement pour la liberté de la presse.

Quel avenir pour les médias haïtiens ?

Cette journée a également été l’occasion pour les journalistes haïtiens d’être informés du projet mené par le CFI dans leur pays. Cet organisme agit pour l’aide au développement des médias dans plusieurs pays en voie de développement. Il mène des projets en partenariat avec des médias locaux traditionnels, mais également avec des webradios ou des webactivistes. En Haïti, il lancera prochainement une action pour soutenir les radios diffusées au-delà de Port-au-Prince, la capitale. L’objectif est de permettre une meilleure formation des journalistes par exemple au management éditorial et donc à terme une meilleure information délivrée à la population haïtienne.