«Couvrir un sujet comme les personnes disparues au Mexique en tant que journaliste, cela implique beaucoup d’un point de vue de la charge émotionnelle», raconte à ses confrères de la MDJ la journaliste Mago Torres, prix du journalisme Breach-Valdez 2019(*) pour l’enquête Le pays des 2000 fosses et prix Pulitzer pour un autre travail collectif devenu célèbre, celui des Panama papers.

Jeudi 12 septembre la journaliste d’investigation Mago Torres a rendu visite à ses confrères de la MDJ lors de son passage à Paris. Elle était accompagnée de Vincent Guimard et Juliette Billy, de l’Institut Français d’Amérique Latine pour un échange sur son travail et les risques du métier au Mexique.

«Cette enquête, – a expliqué la journaliste – on l’a menée pour donner des réponses aux familles des disparus. Le gouvernement avait recensé un peu plus de 1.100 fosses clandestines et 26.000 corps. Notre investigation a permis de recenser plus de 3.000 fosses clandestines à travers le pays entre 2006 et 2016 et de répertorier près de 5.000 corps, parmi lesquels de disparus de 1978.». Ce rapport, que Mme Torres a pu réaliser avec six autres collègues américains et mexicains, a été publié par Quinto Elemento, après plus d’un an d’investigation, quand le collectif a décidé de les présenter sur une carte interactive sur un site dédié, adondevanlosdesaparecidos.org (en français: «Où vont les disparus»).

«Nous avons appris a travailler en équipe, ensemble. Cette façon d’investiguer nous a permis de réunir nos différentes connaissances et techniques professionnelles, ainsi que de nous prendre soin les uns des autres», a tenu à souligner Mme Torres en exprimant à plusieurs reprises, sa solidarité aux collègues en exil de la MDJ.


Retrouvez l’interview de Mago Torres sur le site de l’Oeil de la Maison des journalistes


Mago Torres, journaliste indépendante

Ses travaux s’orientent vers la recherche, et sur l’application du droit à l’information. Elle se spécialise dans l’accès aux archives publiques. Elle a travaillé comme directrice de recherche pour le Global Investigative Journalism Network (GIJN), où elle a mis en place une plateforme de ressources pour les journalistes d’investigation du monde entier.

Elle est diplomée d’un Ph.D. en sciences humaines avec une spécialisation en éthique. Au sein du Consortium International pour les journalistes d’investigation (ICIJ), elle a participé à un projet de reportage sur les Panama Papers.
Elle est également la co-fondatrice du réseau Periodistas de a Pie (journalistes à pied, dont faisait également partie Daniela Rea, lauréate de l’édition précédente du prix), basé Mexico. Un des projets phares auquel elle a contribué au site d’investigation journalistique « Más de 72 », qui porte sur les violences commises envers les populations migrantes au Mexique. Il fournit une information précise sur mécanismes permettant le maintien de l’impunité et la continuité des violences, sur la paralysie de l’appareil judiciaire pour répondre à ces violations de droits humains (http://www.masde72.periodistasdeapie.org.mx/capitulo1.html).

(*) Le prix Breach-Valdez, dont la deuxième édition a été organisée en mai notamment par l’ONU, l’Unesco et l’Agence France-Presse, en hommage aux journalistes Miroslava Breach et Javier Valdez – collaborateur de l’AFP -, assassinés en 2017.

Ci-dessous la galerie photo de la rencontre (crédits photo Lisa Viola ROSSI) :