Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
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Renvoyé Spécial : le journaliste kurde irakien Halgurd Samad au lycée Charlemagne de Paris
Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris, dans le 4e arrondissement. Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, il a rencontré les élèves de seconde de la classe média, leurs professeurs madame Marie-Lyse DUBOIS et monsieur François BLANZAT, ainsi que monsieur Christophe HESPEL, proviseur de l’établissement. Halgurd SAMAD était accompagné par Lisa Viola ROSSI, chargée de Communication et Sensibilisation et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique de la MDJ. Enfin, Marianne ACQUAVIVA, coordinatrice du CLEMI de Paris, a également assisté à la rencontre.*
Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris Photo © MDJ
Les 35 élèves présents forment la classe média du lycée Charlemagne. C’est la première année que l’établissement se lance dans ce projet éducatif qui consiste en un travail tout au long de l’année sur la liberté d’expression, mais aussi l’utilisation d’un blog, les devoirs et obligations mais aussi la mise en place d’un blog. L’opération Renvoyé Spécial s’inscrit donc totalement dans ce programme.
La rencontre a commencé par quelques d’accueil préparé par les élèves : « Bonjour monsieur et bienvenue dans la classe média du lycée Charlemagne. Nous vous remercions de nous accorder une partie de votre temps pour nous expliquer la situation dans votre région au travers de votre expérience personnelle. Nous avons des questions à vous poser qui concernent votre vie actuelle et passée, ainsi que sur la situation du Kurdistan, qui paraît bien complexe, vue de France. C’est donc avec plaisir que nous vous cédons la parole maintenant. »
Halgurd SAMAD a donc d’abord pu expliquer son parcours de professionnel de l’information et les raisons de son exil. Il a ensuite présenté la situation géopolitique très complexe du Kurdistan. Cette question notamment avait été préparée par les professeurs, comme le précise monsieur BLANZAT : « Pour la venue de monsieur SAMAD, nous avons étudié le Kurdistan irakien ». Monsieur SAMAD a ainsi pu exprimer son avis à un public averti : « Je ne suis pas très optimiste pour le futur du Kurdistan », a-t-il concédé.
A la question de la définition de la liberté de la presse, monsieur SAMAD a déclaré : « La presse libre, c’est parler de tous les sujets sans limite, si ce n’est celle de la vie privée qu’il faut absolument respecter ».
La rencontre s’est conclue après deux heures d’échanges. Les professeurs ont également offert deux livres à monsieur SAMAD : un recueil de reportages et de romans de Joseph KESSEL et « Le silence de la mer » de Vercors parce que « résister ce n’est pas seulement saboter c’est aussi parler » a raconté monsieur BLANZAT.
Les élèves ont alors été sollicités pour exprimer leurs avis à chaud. En voici quelques-uns :
« J’ai beaucoup appris sur la situation du Kurdistan irakien, sur le journalisme en général et sur la vie terrible et passionnante de monsieur SAMAD. »
« Ce qui m’a frappé est que monsieur SAMAD a vécu une vie terrible juste parce qu’il écrivait des articles qui ne plaisaient pas au gouvernement. »
« Cela doit être très difficile de devoir quitter son pays pour avoir dit ce qu’on pense. »
« Le témoignage de Halgurd SAMAD m’a permis de réaliser que tous les pays ne sont pas du tout égaux face à la liberté d’expression. »
« Monsieur SAMAD a répondu à toutes les questions que je me posais. »
« Je pense que les journalistes en exil ont beaucoup de courage pour continuer leur métier dans de telles conditions. »
« La violence des attaques subies par Halgurd SAMAD et la fragilité de la liberté d’expression m’ont frappé. »
Revue de presse :
RENVOYE SPECIAL : Une journaliste rwandaise témoigne au lycée Bernard Palissy de Saint-Léonard-de-Noblat (Limoges)
La journaliste rwandaise en exil Maria KUANDIKA (pseudonyme) a été accueillie mardi 19 décembre 2017 au lycée Bernard Palissy de Saint-Léonard-de-Noblat (87) dans l’académie de Limoges. Elle a échangé avec une cinquantaine d’élèves de seconde et de première accompagné de leur professeure madame Marie-Aude CHARRET et du provinseur monsieur Olivier GUIMBAUD.
La journaliste rwandaise Maria KUANDIKA au lycée Bernard PALISSY le 19 décembre 2017 Photo © Bernard LEFEVRE | Le populaire du Centre
Maria KUANDIKA a notamment pu sensibiliser les élèves à la situation de la liberté de la presse dans le monde et dans son pays, le Rwanda. A travers l’exemple de ses reportages auprès d’une ethnie oubliée du Rwanda, les lycéens ont appris l’importance du travail journalistique comme un porte-voix des minorités et comme un pouvoir capable de déranger les instituons politiques en place. Pour madame KUANDIKA, « il est important de se battre pour ses idées. Il faut garder l’espoir que les choses s’améliorent ».
Les élèves ont pu partager leur ressenti à la suite de cette rencontre. Voici quelques-uns des commentaires recueillis :
« Courage ! Ne vous laissez pas faire, prenez les devants et allez vous exprimer dans un pays où vous ne serez pas poursuivis ! Merci pour ce témoignage ! »
« Aujourd’hui, les journalistes sont d’une grande aide pour les gens qui veulent ou ne peuvent pas s’exprimer. Ils peuvent parfois beaucoup changer les choses. »
» Continuer à dénoncer, car cela ne sert pas à rien. »
« L’écart qu’il y a entre la ville et la campagne au Rwanda est frappant. Les maladies et la malnutrition des enfants et des adultes aussi. »
« C’est incroyable que des personnes voulant faire avancer leur pays ou aider des gens soient obligés de quitter leur pays. »
« C’est un témoignage sincère qui nous montre ce que les journalistes vivent vraiment en exerçant leur métier. »
« J’ai été frappé et ému par la façon dont Maria KUANDIKA parle de ce qui lui est arrivé. Elle n’est pas gênée, j’ai aimé qu’elle partage cela sans tabou, ce qui ne doit pas être facile à faire. »
Revue de presse :
Menacée de mort, une journaliste rwandaise est venue témoigner de son exil aux lycéens de Saint-Léonard-de-Noblat, par Driss CHAÏT, Le populaire du Centre, 21/12/2017
Renvoyé Spécial : Sakher Edris à la rencontre des lycéens d’Enghiens-les-Bains (Versailles)
Le lundi 18 décembre 2017, le journaliste syrien Sakher EDRIS a été accuielli au lycée Gustave Monod d’Enghien-les-Bains dans l’Académie de Versailles. Il était accompagné de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique à la Maison des journalistes. Monsieur Romain CORMARY, professeur d’anglais, a réuni les élèves de terminale S, ES et L en section européenne pour une rencontre en anglais sur le thème de la liberté de la presse. Cette rencontre marque le lancement de l’opération Renvoyé Spécial édition 2017/2018.
Lundi 18 décembre 2017, le journaliste syrien Sakher EDRIS devant les jeunes du lycée Gustave Monod d’Enghien-les-Bains Photo © Margot FELLMANN
Sakher EDRIS a été accueilli par environ 75 élèves, ainsi que par plusieurs professeurs et le proviseur du lycée, monsieur Philippe BONNEVILLE. La rencontre s’est déroulée en anglais. L’établissement a par ailleurs été le premier en Île-de-France à proposer la délivrance simultanée du baccalauréat et de son équivalent allemand, l’Abitur (filière Abibac) en 1998.
Monsieur EDRIS a d’abord abordé la question difficile de la liberté d’expression en Syrie, puis sa carrière de journaliste et des causes de son exil. L’essentiel de l’échange s’est ensuite construit autour des nombreuses questions des élèves. « Je veux répondre à toutes leur interrogations. Je lutte pour la liberté d’expression, je ne peux pas refuser de répondre. S’ils demandent, c’est qu’ils veulent savoir. » Parmi ces questions, beaucoup d’interventions se sont concentrées sur la situation géopolitique de la Syrie. Le sujet complexe avait été préparé avec leur professeur ce qui a permis d’aborder des points plus complexes ou sensibles. A l’image de ce jeune, très touché par la situation actuelle : « J’ai beaucoup pensé au conflit syrien. J’en ai parlé avec ma famille et avec mes amis. Malgré cela, personne n’imagine comment nous pourrions sortir de ce conflit. Si vous étiez au pouvoir que feriez-vous ? »
Photo © Margot FELLMANN
Pour mieux faire comprendre, comparer et s’identifier sont souvent des outils efficaces. « Depuis 1970, combien la France a-t-elle eu de présidents ? » Les élèves nomment et comptent : « Pompidou, Mitterrand, Giscard d’Estaing… 7! » Sakher EDRIS peut alors faire un parallèle avec la situation syrienne et explique : « C’est ce que nous voulons. Nous voulons ce que vous avez : une démocratie. » La Syrie a été gouvernée par la famille AL ASSAD pendant toute cette période. Mais monsieur EDRIS a également partagé son espoir de voir les choses changer. « Ce changement nous coûte beaucoup, et il coûte aussi le sang des civils ».
A propos de son engagement journalistique, Sakher EDRIS précise : « Si je ne dois retenir qu’une seule chose de mon expérience professionnelle, c’est qu’il faut toujours dire la vérité. Les gens ont perdu confiance en les médias. C’est d’autant plus important : lorsqu’on s’engage comme journaliste, on s’engage pour la vérité. »
Enfin, Monsieur CORMARY, professeur référent de l’action Renvoyé Spécial au sein de son établissement, a demandé aux élèves de travailler à des présentations multimédias qui seront montrées à d’autres classes de l’établissement afin de partager le témoignage de Sakher EDRIS au plus grand nombre.
A l’issue de la rencontre, les lycéens ont pu exprimer leurs avis :
« La liberté de presse est importante car elle permet à chacun de pouvoir s’exprimer sur ses opinions en toute liberté. de plus, elle permet de discuter et de voir plusieurs points de vue sur les problèmes. »
« J’ai trouvé intéressant d’avoir un point de vue intérieur au conflit syrien. »
« Le témoignage de Sakher EDRIS est utile car c’est un point de vue qu’aucun média n’est capable de donner. »
« Je suis surprise par la place de la France dans le classement de la liberté de la presse de RSF, la France n’est que 39e ! »
« Les journalistes exilés sont des gens extrêmement courageux qui ont une situation très compliquée, et malgré cela ils continuent d’espérer que la situation dans leur pays s’améliorera. »
« La violence a laquelle les journalistes doivent faire face les journalistes dans certains pays m’a frappé. »
« C’est choquant et navrant qu’aujourd’hui, après toutes les évolutions technologiques, certaines consciences n’ont pas fait de même. »
« Je veux dire aux journalistes en exil : gardez courage car c’est souvent la voix de ceux que l’on de peux pas entendre qui est la plus importante. »
Suite à Renvoyé Spécial, les élèves ont réalisé une exposition afin de partager leur expérience avec les autres jeunes de l’établissement. Le tour en images du travail proposé :