Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
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Exposition : WAITING – Une réflexion sur l’attente
WAITING
Une réflexion sur l’attente
Une exposition collective présentée par la Maison des Journalistes en partenariat avec la Mairie du 10e.
Avec :
Abdelmoneim Rahamtalla, Abdulrazak ALJUMAA, Ahmad AL GABR, B., Beraat Gokkus, Celil Sagir, Hicham MANSOURI, Kubra Khademi, Larbi Graïne, M., Mariam MANA, Mortaza BEHBOUDI, Rahima NOORI, Shiyar KHALEAL
Eté 2016, dans le bureau de l’assistante sociale de la Maison des Journalistes, un journaliste exilé s’interroge sur le sens de l’attente. Il cite «En attendant Godot».
La référence à cette œuvre de l’absurde sera le point de départ du projet «Waiting» réunissant une dizaine de participants, tous journalistes exilés.
Tous ont été menacés dans leur pays, certains emprisonnés, pour avoir voulu exercer leur métier librement.
Tous ont trouvé refuge en France, plus précisément au sein de la Maison des Journalistes, seule structure au monde dédiée spécifiquement à l’accompagnement et l’hébergement de journalistes exilés.
Forcés à prendre les chemins de l’exil, le temps s’est figé pour ces professionnels de l’information. Le voyage immobile qu’ils ont entamé à travers l’incertitude du lendemain leur semble interminable. En attente de papiers, d’un statut, d’un titre, d’entretiens, de nouvelles de la famille ou d’informer à nouveau… La liste est longue de tout ce que l’exil a mis entre parenthèse.
Et lorsque l’espoir se consume et que l’attente semble vaine, comme dans la célèbre pièce de Samuel Beckett, elle n’en devient que plus absurde.
Parce qu’ils ont dénoncé par la plume ou l’objectif de la caméra des situations intolérables chez eux, leur vie a été mise en péril pour s’être exprimés librement.
Dire à nouveau, pour des journalistes qui ont subi la censure à cause des mots qu’ils ont osé prononcer, n’est pas anodin. Prendre la parole, le temps de ce projet, pour combattre l’immobilité du temps. Là-bas, le journaliste s’est exposé aux représailles, en s’exposant ici il transforme l’attente en espoir d’être entendu à nouveau.
La puissance d’un dessin ou l’impact d’un court-métrage en disent long sur les séquelles de l’exil et des temps morts qui se sont accumulés. Ce temps qui leur échappe alors qu’eux-mêmes ont dû fuir les représailles. L’exposition « Waiting » se veut l’occasion de réfléchir ensemble sur le sens de cette attente à travers les productions créées par les journalistes.
Autour de l’exposition
9 janvier à 19h : Vernissage de l’exposition en présence d’Alexandra Cordebard, maire du 10ème arr., Eric Algrain, maire adjoint chargé de la Culture et des Affaires scolaires, de Christian Auboyneau, président de la Maison des journalistes et de Darline Cothière, directrice.
12 janvier à 19h : Soirée – Débat (salle des fêtes de la Mairie)
Les participants
Les journalistes exilés ont (ou espèrent avoir) trouvé refuge en France. La plupart sont en attente d’obtenir le statut de réfugié et l’asile en France. D’autres ont reçu ce statut mais attendent un titre de séjour, un titre de voyage, l’arrivée de la famille…
Parmi les participants, outre leur carrière de journaliste menée au pays, il sont aussi poètes, vidéastes, peintres, dessinateurs, photographes, par envie ou par nécessité, quand on a essayé de les faire taire en leur retirant le stylo, ils ont alors pris le pinceau.
Des hommes et des femmes venus de tous ces coins de la planète où la liberté de la presse est constamment menacée.
Chacun avec une histoire individuelle propre mais tous mêlant rébellion et courage tout au long de leur parcours d’activiste.
Remerciements
La Mairie de Paris pour son accueil et la production de l’exposition ainsi que tous les journalistes qui y ont collaboré de près ou de loin. Hicham Mansouri, Ziad Attalah et Josiane Kosseifi Matta pour les traductions, Tijani Lemrabott pour l’image, Hassanein Khazaal pour le montage, l’association Tribudom pour le prêt de matériel vidéo, Aurore Nerrinck et Manon Cerrini pour avoir relevé le challenge de la curation de ce projet.
Commissaires : Aurore Nerrinck et Manon Cerrini
Coordination : Cécile Hambye
Contact : waitingmdj@gmail.com
« PROFESSION EDUCATION » RENCONTRE HICHAM MANSOURI
Hicham MANSOURI, journaliste marocain en exil et résident à la MDJ, a répondu aux questions d’Aline NOËL pour le mensuel Profession Education du Sgen-CFDT (n. 257 – Novembre 2017), syndicat de l’éducation nationale partenaire de la MDJ.
Hicham Mansouri
« Le citoyen a une arme dans sa poche : le smartphone »
Photo © Mathilde Errard
Dans les pays en guerre ou sous régime autoritaire, un journalisme dit citoyen émerge grâce aux nouvelles technologies. Journaliste d’investigation, Hicham Mansouri a contribué à former des concitoyens à l’utilisation de l’application StoryMaker, ce qui a nourri l’accusation portée contre lui par les autorités marocaines d' »atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».
L’article complet est à lire ICI
Renvoyé Spécial : le journaliste kurde irakien Halgurd Samad au lycée Charlemagne de Paris
Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris, dans le 4e arrondissement. Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, il a rencontré les élèves de seconde de la classe média, leurs professeurs madame Marie-Lyse DUBOIS et monsieur François BLANZAT, ainsi que monsieur Christophe HESPEL, proviseur de l’établissement. Halgurd SAMAD était accompagné par Lisa Viola ROSSI, chargée de Communication et Sensibilisation et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique de la MDJ. Enfin, Marianne ACQUAVIVA, coordinatrice du CLEMI de Paris, a également assisté à la rencontre.*
Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris Photo © MDJ
Les 35 élèves présents forment la classe média du lycée Charlemagne. C’est la première année que l’établissement se lance dans ce projet éducatif qui consiste en un travail tout au long de l’année sur la liberté d’expression, mais aussi l’utilisation d’un blog, les devoirs et obligations mais aussi la mise en place d’un blog. L’opération Renvoyé Spécial s’inscrit donc totalement dans ce programme.
La rencontre a commencé par quelques d’accueil préparé par les élèves : « Bonjour monsieur et bienvenue dans la classe média du lycée Charlemagne. Nous vous remercions de nous accorder une partie de votre temps pour nous expliquer la situation dans votre région au travers de votre expérience personnelle. Nous avons des questions à vous poser qui concernent votre vie actuelle et passée, ainsi que sur la situation du Kurdistan, qui paraît bien complexe, vue de France. C’est donc avec plaisir que nous vous cédons la parole maintenant. »
Halgurd SAMAD a donc d’abord pu expliquer son parcours de professionnel de l’information et les raisons de son exil. Il a ensuite présenté la situation géopolitique très complexe du Kurdistan. Cette question notamment avait été préparée par les professeurs, comme le précise monsieur BLANZAT : « Pour la venue de monsieur SAMAD, nous avons étudié le Kurdistan irakien ». Monsieur SAMAD a ainsi pu exprimer son avis à un public averti : « Je ne suis pas très optimiste pour le futur du Kurdistan », a-t-il concédé.
A la question de la définition de la liberté de la presse, monsieur SAMAD a déclaré : « La presse libre, c’est parler de tous les sujets sans limite, si ce n’est celle de la vie privée qu’il faut absolument respecter ».
La rencontre s’est conclue après deux heures d’échanges. Les professeurs ont également offert deux livres à monsieur SAMAD : un recueil de reportages et de romans de Joseph KESSEL et « Le silence de la mer » de Vercors parce que « résister ce n’est pas seulement saboter c’est aussi parler » a raconté monsieur BLANZAT.
Les élèves ont alors été sollicités pour exprimer leurs avis à chaud. En voici quelques-uns :
« J’ai beaucoup appris sur la situation du Kurdistan irakien, sur le journalisme en général et sur la vie terrible et passionnante de monsieur SAMAD. »
« Ce qui m’a frappé est que monsieur SAMAD a vécu une vie terrible juste parce qu’il écrivait des articles qui ne plaisaient pas au gouvernement. »
« Cela doit être très difficile de devoir quitter son pays pour avoir dit ce qu’on pense. »
« Le témoignage de Halgurd SAMAD m’a permis de réaliser que tous les pays ne sont pas du tout égaux face à la liberté d’expression. »
« Monsieur SAMAD a répondu à toutes les questions que je me posais. »
« Je pense que les journalistes en exil ont beaucoup de courage pour continuer leur métier dans de telles conditions. »
« La violence des attaques subies par Halgurd SAMAD et la fragilité de la liberté d’expression m’ont frappé. »
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