Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
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RENVOYE SPECIAL : Mai OSMAN, soudanaise exilée, rencontre les lycéens de Voiron (Grenoble)
Le jeudi 8 mars, la journaliste soudanaise en exil Mai OSMAN s’est rendue au lycée agricole La Martellière de Voiron dans l’académie de Grenoble. Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial qui vise à sensibiliser au combat pour la liberté de la presse, elle a témoigné de son parcours de journaliste exilée auprès des élèves de terminale de l’établissement.
L’échange, minutieusement préparé par la journaliste, s’est déroulé en anglais avec l’aide d’une professeure pour la traduction. Après une présentation accompagnée d’une projection de plusieurs de ses reportages, elle a ouvert un temps de questions qui a permis aux auditeurs de revenir sur ce qui les avait le plus marqué comme les droits des enfants au Soudan.
Durant sa carrière au Soudan, elle a travaillé pour la télévision de Kordofan, ainsi que pour des journaux tels qu’Alshahed, Alhurra et Al Nujjoom Start Program. À cause de son engagement, elle a été persécutée par les autorités de son pays. Ayant peur pour sa vie, Mai OSMAN a finalement pris la décision de partir en exil. Elle cherche aujourd’hui à donner un nouvelle visibilité internationale aux problèmes qu’elle a déjà dénoncé dans son pays.
Pendant les deux heures qu’ont duré son intervention, Mai OSMAN a raconté son histoire, a parlé de la situation de son pays et des raisons de son engagement pour la liberté de la presse. Elle a aussi partagé avec les jeunes les difficultés qu’elle affronte encore aujourd’hui dans son combat pour obtenir le droit d’asile en France.
Mai OSMAN s’est dite très heureuse de cette rencontre : « J’aurais aimé rester plus longtemps avec les élèves, comme une professeure. Seules leurs larmes ont assombri cette rencontre. »
Les lycéens de Voiron ont été touchés par les mots qu’ils ont entendus, par les choses qu’ils ont apprises. Ils ont couché sur papier leurs remarques et leurs messages de remerciement pour Mai OSMAN. Extraits.
« Pour Mai : vous êtes une femme bien plus forte que toutes les autres. Vous êtes magnifique. Ne changez rien. »
« Mai OSMAN est une battante. Malgré son histoire de vie, je suis sûr qu’elle va garder la tête haute. Que dieu soit avec elle. »
« Tout ce que Mai a pu vivre, voir, subir est horrible. Je me demande comment des personnes peuvent vivre ça. »
« Je me rends compte que j’ai de la chance d’être une élève, que j’ai le choix de faire ce que je veux, j’ai la liberté d’expression tandis que dans d’autres pays ce n’est pas le cas. »
« Mai m’a beaucoup rappelé ce que ma mère et moi avons vécu dans notre pays, la R.D.C. avant d’arriver en France. »
« Ce témoignage m’a permis de savori et comprendre ce qu’il se passe dans un autre pays et des raisons pour lesquelles certains se réfugient en France. »
« Au Soudant, les enfants travaillent dès l’âge de 6 ans, les femmes n’ont pas la même liberté que les hommes et il y a beaucoup de violence. »
« Je trouve cela affreux : les journalistes en exil n’ont droit à rien et risquent pourtant leur vie pour essayer de changer les choses dans leur pays. Ils sont obligés de quitter leur pays par risque de mourir. La France doit les aider le plus possible. Ce n’est pas facile pour eux de venir en France. »
« Je donne tout mon respect à ces journalistes. Ce sont des personnes extrêmement fortes, pleines de courage. je suis de tout cœur avec eux. J’aimerais pouvoir les aider d’avantage. »
« Les journalistes en exil sont très forts, avec un grand cœur. Mai OSMAN n’a pas une belle vie. Je lui souhaite un belle vie et qu’un jour elle retrouve sa maman. »
« Je n’ai pas de mot, je n’arrive pas à m’exprimer tellement je suis abasourdi, choqué par la situation. Personne ne mérite ça ! »
Les journalistes de la MDJ à la Maison de la Radio
Dans le cadre des activités culturelles mises en place par le Pôle Communication et Partenariats de la MDJ, le mardi 6 mars une délégation de journalistes exilés de Kazakhstan, Syrie, Pakistan, Turquie, Ukraine, Zimbabwe accompagnés de Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Sensibilisation et Communication, d’Antonin TORT, responsable de l’Action Sociale et Hébergement ainsi que de Bernadette COLSON, bénévole, a été accueillie par le service Relations Internationales de la Maison de la Radio pour profiter d’une visite guidée offerte en signe de solidarité confraternelle.
(crédits : Lisa Viola ROSSI)
Pour en savoir plus sur les visites à la Maison de la Radio (Adresse : 116, avenue du Président Kennedy, 75116 Paris) : http://www.maisondelaradio.fr/visiter-la-maison-de-la-radio
Ci-dessus la galerie photo (crédits : Lisa Viola ROSSI):
RENVOYÉ SPÉCIAL PJJ Val d’Oise : Premier Stage de Citoyenneté à la MDJ
Le jeudi 22 février, la MDJ a accueilli un groupe d’une dizaine de jeunes et professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de la Direction territoriale du Val d’Oise. A les accompagner, Stéphane COUSIN, chef de service éducatif et Odile VILLARD, référente laïcité citoyenneté, pour ce premier « Stage de Citoyenneté » qui s’insère dans le cadre d’une convention spécifique avec la DT PJJ Val d’Oise, conçue lors d’une collaboration menée en partenariat avec le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture en 2016. La journée était jalonnée de rencontres avec des journalistes exilés et de moments d’échanges avec l’équipe de la MDJ.
Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Communication et sensibilisation, a accueilli le petit groupe à partir de 10 heures, avec Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique, et Clara LE QUELLEC, bénévole. Après une présentation du lieu et une courte histoire de l’association, les jeunes ont été invités à traverser les différents bureaux, où ils ont rencontré Antonin TORT, Responsable de l’Action Social et Hébergement, Guillaume WULFING-LUER, community manager en charge de la rédaction de L’œil de la Maison des journalistes, et ils ont finalement découvert les différentes mission du Pôle communication, en charge par ailleurs des activités culturelles et de sensibilisation. Cette première partie a vocation à montrer toutes les parties en action dans une association et toutes les énergies nécessaires à la bonne réalisation des missions de la MDJ.
La matinée s’est poursuivie avec Hicham MANSOURI, journaliste marocain en exil et en attente d’une réponse de sa demande d’asile depuis un an et demi maintenant. Il a partagé sans filtre son expérience de la prison marocaine et son regard sur le journalisme citoyen. Il a particulièrement insisté sur la responsabilité de chacun et surtout des jeunes devant le pouvoir et les dérives possibles des réseaux sociaux. Les auditeurs ont été frappés par les images qui témoignent des conditions inhumaines des prisons marocaines.
Le repas a été l’occasion d’échanger avec d’autres résidents de la MDJ dans la salle à manger commune. Ensuite, les visiteurs ont été guidés à travers l’exposition « Dessins pour la paix » mise en place en collaboration avec Cartooning for peace. Il s’agit d’une succession d’onze panneaux pour aborder l’importance du dessin de presse comme moyen d’expression universel, mais aussi des questions difficiles comme « peut-on rire de tout ? » ou le traitement satirique de la religion dans la presse. L’exposition met également la lumière sur plusieurs thématiques importantes dans l’histoire du dessin de presse comme la censure, le racisme ou encore le droit des femmes et des enfants.
Enfin, les jeunes ont pu découvrir l’histoire d’un journaliste turc réfugié en France suite au putsch manqué de 2016. Il a partagé sa vision de la politique dans son pays et a raconté comment ses collègues et amis restés en Turquie sont aujourd’hui en attente de leur procès ou condamnés à perpétuité pour avoir travaillé pour des journaux d’opposition. Quand un jeune lui demande ce que ça lui fait de témoigner devant eux, il répond : « Je suis content de partager mon histoire car j’espère qu’elle va ouvrir votre esprit, vous, la nouvelle génération. Quand vous prendrez une décision politique, en votant par exemple, vous la prendrez avec cette ouverture d’esprit. »
Pour conclure cette journée, le journaliste turc a proposé de diffuser le documentaire qu’il a réalisé sur la situation des migrants à Paris et qui a d’ailleurs gagné du prix pour le meilleur Short-Short au Festival du Film indépendant de Berlin 2018. Dans « Breakfast of Champions« , il dénonce les conditions indignes dans lesquelles les réfugiés attendent la reconnaissance de leur demande d’asile. Ce travail a un écho tout particulier pour le journaliste qui déjà en Turquie travaillait sur la thématique des réfugiés. Aujourd’hui, il est le réfugié et observe la situation avec un tout autre regard.
Si les histoires sont différentes, les témoignages des journalistes de la MDJ permettent aux jeunes de la PJJ d’être sensibilisés à la liberté d’expression et la liberté de la presse en France et dans le monde. Il est essentiel qu’ils quittent les murs de la MDJ conscients de la responsabilité et du pouvoir qu’ils ont en tant que citoyens.
Vers 16 heures, un moment de débriefing a clôturé la journée. Ci-dessous des retours des jeunes participants :
« J’ai appris la vie ».
« Je me suis rendu compte de ce qui peut arriver à tout le monde par l’Etat, la police…. C’est très touchant ».
« Les deux témoignages nous ont permis de réaliser que le droit de liberté d’expression n’est pas acquis dans tous les pays et que certaines personnes se battent encore pour l’obtenir ».
« Je savais qu’être journaliste était un métier difficile… mais je ne connaissais pas cette face de ce métier ».
« Je ne comprends pas pourquoi ils doivent faire tout cela car ils font simplement leur métier et on leur interdit de dire des vérités car cela peut faire bouger des choses ».
« Je trouve ce qu’ils font très courageux ».
« La liberté de la presse est importante car elle est l’essence même de la démocratie ».