Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
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Renvoyé Spécial Club de prévention : Une arme dans votre poche avec Hicham MANSOURI
Le mercredi 4 s’est déroulée la première rencontre Renvoyé Spécial Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème avec le journaliste marocain en exil Hicham MANSOURI. Ce nouveau projet s’adresse aux jeunes et aux adolescents vivant aux alentours du square de la Roquette (Paris, 11e) avec le soutien des éducateurs du club de prévention.
Renvoyé Spécial Clubs de prévention du 11ème et du 12ème est réalisé en partenariat avec la Ville de Paris.
Dans une salle au sous-sol du club de prévention, à deux pas du square de la Roquette, Hicham MANSOURI a été accueilli par une douzaine de jeunes et leurs éducateurs. Le journaliste était accompagné de Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Communication et Sensibilisation, de Margot FELLMANN et Emilie DELWARDE, volontaires en Service Civique.
Pour susciter la curiosité des jeunes, Hicham MANSOURI avait choisi d’intituler son intervention « une arme dans votre poche ». Tout commence donc par là : quelle est cette arme ? « Non, ce n’est pas un couteau, commente-t-il étonné. Oui, bravo, c’est votre téléphone ! » Pour le journaliste qui a milité dans son pays pour le journalisme citoyen et a formé des personnes à cette manière d’informer, cette rencontre est une manière de prolonger son engagement.
Dans la salle les jeunes tantôt rient tantôt restent bouche bée devant les images qui témoignent de l’histoire difficile du journaliste. Agressé, emprisonné, poursuivi pour « atteinte à la sécurité de l’Etat », Hicham MANSOURI a tenté de transmettre son message pour la liberté d’expression et la prise de pouvoir par les citoyens à ces jeunes parisiens.
Ciné-Club : « Et toujours nous marcherons » en présence de son réalisateur
Le mardi 3 avril, la MDJ a reçu dans ses locaux le réalisateur Jonathan Millet venu présenter son court métrage : « Et toujours nous marcherons ». Le court-métrage raconte l’histoire de Simon, un jeune camerounais venu en France sur les traces de son frère dont il n’a plus de nouvelles. Ce Ciné-Club a été l’occasion d’aborder les questions complexes du choix et des raisons qui motivent l’immigration mais aussi de débattre de la manière de raconter cette histoire.
Image tirée du court métrage « Et toujours nous marcherons » produit par Films Grand Huit (2017)
Le réalisateur a été accueilli par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Lisa Viola ROSSI, chargée de la Communication et de la Sensibilisation, et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique en charge des activités culturelles. Des journalistes en exil originaires de Turquie, de Syrie, du Zimbabwe et du Soudan étaient présents pour la projection, ainsi que plusieurs membres de l’équipe et des bénévoles de la MDJ.
Réalisateur de « Dernières Nouvelles des étoiles » (2017) et « La Veillée « (2017), Jonathan MILLET prend le temps de concrétiser chaque projet avec une volonté toute particulière de se démarquer du déjà-vue. « Mon but avec « Et toujours nous marcherons » était de faire un film qui raconte les lieux qu’on a pas l’habitude de voir au cinéma. Je voulais saisir différemment les enjeux et la fiction a été le bon moyen de le faire. » Et de fait, le réalisme du récit vient d’ailleurs, et notamment des acteurs … qui n’en sont pas. Seul le personnage principal, Simon, est incarné par un comédien : Yann GAEL, un acteur français, né au Cameroun. Ainsi, le temps passé sur le terrain a permis à l’équipe d’atteindre justesse et vérité. « Il a fallut beaucoup expliquer notre démarche et nous légitimer », raconte Jonathan MILLET.
Le langage aussi tient un rôle central dans la narration de cette quête. D’une rencontre à l’autre, le jeune Simon est confronté aux langues multiples et donc aux origines diverses des migrants qui tentent de faire leur place dans la capitale française. A travers ces dialogues qui jonglent entre le français et des sonorités d’ailleurs, on comprend aussi mieux les dilemmes auxquels sont confrontés ceux qui veulent se construire en France, entre leurs racines et cette terre d’accueil qui ne cesse de les renvoyer vers le large.
Du regard du réalisateur à celui du journaliste
La lumière rallumée, le film terminé, les journalistes de la MDJ ont échangé avec le réalisateur. « Pourquoi une fin ouverte ? » Jonathan Millet explique sa volonté de raconter ces « tragédies grèques » que vivent aujourd’hui les réfugiés. « Le film s’arrête alors que le personnage principal doit faire un choix. Mais ce n’est pas son destin, ce n’est pas ce qu’il aurait voulu. Il aimait sa vie en Afrique. » Cette ouverture permet de questionner le regard des médias sur la crise actuelle : « ce n’est pas vrai que tous les Africains veulent venir en Europe ».
Pour les journalistes du continent présents, le regard très sombre porté sur cette histoire permet de casser le mirage de la réussite et de la richesse en France. Sylvie NICOLAS, bénévole et militante, partage aussi son expérience : « c’est un miroir d’illusions très dur à casser, je le vois avec tous ces jeunes que j’accueille ». Thelma CHIKWANHA, quant à elle, se reconnait beaucoup dans ce témoignage : « En Afrique, nous pensons que l’Europe est un endroit où tout marche, où tout est accessible. Et pourtant, quand j’ai découvert Paris il y a quelques mois, j’ai été profondément choquée car c’est une des ville les plus sales que j’ai vu ». La journaliste soudanaise Mai OSMAN conclut en partageant une conviction : « il faut partager ce film, le montrer en Afrique ».
Extrait du film
Pour plus d’informations sur le film, cliquez ici.
Voir le film, cliquez ici.
« Et toujours nous marcherons » est produit par Films Grand Huit qui a gracieusement mis le film à disposition de la MDJ pour cette occasion. Cette projection s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires.
Renvoyé Spécial : des collégiens bordelais à la découverte de la citoyenneté et de l’engagement
Le vendredi 30 mars, la MDJ a accueilli un groupe d’élèves du collège Chatenades de Mussidan dans l’académie de Bordeaux. Accompagnée de leurs professeurs, la vingtaine d’élèves a été accueillie par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Sensibilisation, et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique pour une visite des locaux de l’association et une rencontre avec plusieurs journalistes.
Les journalistes Abdessamad AIT AICHA et Halgurd SAMAD entourés des élèves du collège des Chatenades, de leurs professeurs et de l’équipe de la MDJ. Photos © Margot FELLMANN
Dans le cadre d’un voyage de classe à la découverte de l’engagement citoyen, les élèves de 5e et leur camarades en classe ULIS (Unitée Localisée pour l’Inclusion Sociale), des jeunes en situation de handicap léger, de retard cognitif ou social, ont passé quelques jours à Paris. Ils ont notamment été reçus par les Restos du Cœur pour participer à une distribution de soupe sur la place de la République ou encore par Amnesty International. Un voyage qui s’est conclu avec la visite de la MDJ.
Tout de suite guidés vers la salle de réunion, les élèves bordelais ont pu entendre les mots de bienvenus de Darline COTHIERE. « J’imagine que vous connaissez un peu la MDJ, que faisons-nous ici ? » et à l’un des jeunes de répondre : « vous récupérez des journalistes en danger ». Les adolescents ont été préparés à cette visite par leurs professeurs. Dans leurs mains, un crayon et un petit carnet qui les a suivi à travers les rencontres de la semaine et qui reprend les questions préparées pour mieux connaitre la MDJ.
Le premier journaliste intervenant pendant cette matinée était Halgurd SAMAD, venu du Kurdistan irakien. Pour lui, « être journaliste, c’est plus qu’un métier. C’est défendre la liberté d’expression de tout le monde. » C’est donc sans détour qu’il répond aux questions de jeunes, impressionnés par cet homme qui a été agressé à deux reprises pour avoir exercé son métier de journaliste. « Des policiers ont cassé ma caméra, ils ont confisqué mon matériel ». Les élèves veulent comprendre : pourquoi doit-on fuir son pays ? comment peut-on tout abandonner ? « Un ami journaliste a été tué. Devant sa maison car il avait dénoncé les méthodes de la police et la corruption. » C’est le moment déclencheur, et c’est aussi par ces mots que les collégiens vont comprendre.
Cette réalité dure à saisir est l’un des enjeux de l’opération Renvoyé Spécial qui encadre cette journée. Il faut notamment faire prendre conscience aux jeunes de la chance qu’ils ont de grandir en France, mais aussi qu’ils ont une place à prendre dans la lutte pour la liberté d’expression, en tant que citoyen.
Le marocain Abdessamad AIT AICHI est ensuite venu se présenter devant le petit groupe. Il témoigne de son engagement pour le journaliste d’investigation et le journalisme citoyen dans son pays. Un engagement qui l’a poussé à fuir et à assister aujourd’hui, impuissant depuis la France au déroulement de son procès pour « atteint à la sécurité de l’état ». Les jeunes se penchent sur leurs questions pour en savoir plus : « Préférez-vous le Maroc ou la France ? J’aimerais rentrer au Maroc. Mais j’aime la France, c’est une terre d’accueil. On y trouve beaucoup de nationalités, je ne sens pas ma différence », raconte le journaliste.
Les réactions des élèves :
« Il faut continuer à se battre contre les lois contre les journalistes » (Théo)
« Je trouve cela triste car la vie des journalistes exilés peut être totalement chamboulée par un article ou un tweet. » (Maéline)
« Cela a dû être dur à vivre. ce témoignage nous fait rencontre compte de la dureté d’exercer ce métier. »
« La démocratie est importante pour ne pas avoir à mentir sur son opinion et pouvoir être sincère. » (Benoîte)
« J’ai appris comment se passe la vie des journalistes exilés ici. L’histoire d’Halgurd SAMAD est triste. » (Emma)
« Ce témoignage m’a permis de mieux comprendre les vies et les histoires des journalistes en exil, mais surtout la politique dans leurs pays d’origine. Je pense que ça ne se fait pas de leur avoir donner des menaces de mort. » (Jason)