Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
Confirmer votre présence à l’Hôtel de Ville de Paris via ce formulaire :
RDC: La symphonie des vampires à l’Est
«Crisis in the Congo», le film (photo de http://congojustice.org/)
C’est depuis fin 1996 que l’Est de la République Démocratique du Congo est devenu le théâtre de conflits armés qui a dévasté le pays. Aujourd’hui, on compte déjà des millions des victimes. Dans son rapport annuel 2012, l’International Rescue Committee, une association fondée à l’initiative Albert Einstein, a estimé que 5, 4 millions de personnes sont mortes à la suite des guerres congolaises. Dans cette tornade dévastatrice caractérisée par une sauvagerie monstrueuse, ce sont les femmes et les enfants qui payent cher… Le viol des femmes et des filles mineures est une véritable arme de guerre utilisée par les forces armées pour créer le choc et la stupeur dans le chef de la population. A travers une série d’imageries horribles, la partie Est du Congo est l’un des pires endroits au monde pour les femmes et les filles. En RDC, les femmes sont souvent violées dans l’indifférence totale des autorités congolaises, incapables de sécuriser les populations. Qui sont ces bandits? Pourquoi ne sont-ils pas inquiétés? Quelle est la principale motivation pour ces criminels de l’Est de violer les femmes et les enfants? Et l’État congolais, alors… Que fait-il concrètement?
Le modus operandi des violeurs
«Lorsqu’on viole les femmes, on déstabilise la communauté, on viole les femmes du village entier devant les enfants, devant le mari, devant les voisins, cette communauté est brisée. Les hommes ne peuvent plus regarder leurs femmes dans les yeux, et dire que nous étions incapables de vous protéger. Et les femmes ne peuvent pas surmonter ce traumatisme», témoigne Nita Evele, coordinatrice de l’Action Global pour le Congo, dans le film «Crisis in the Congo». Selon les témoignages, plusieurs femmes ont vu leur destin briser après le viol. Certaines se sont retrouvées enceintes et d’autres ont contractées le VIH-Sida. Abandonnées par leurs maris, les femmes répudiées sont devenues personae non gratae dans la communauté, au village et au sein même de leur propre famille restreinte. Pire encore. Les enfants issus de viol sont aussi bannis et rejetés par la société. Ils ne bénéficient d’aucune affection maternelle. On les appelle «Les enfants des Serpents», affirme un congolais vivant à l’Est. A en croire les déclarations des ONG locales, les petites filles nées de viol entre 1998 et 2000 ayants aujourd’hui la tranche d’âge de 13 à 15 ans, ont été à leur tour violées. Un cycle infernal!
L’épineux problème
Malgré de nombreux crimes perpétrés à l’Est du Congo notamment le cas observé de plusieurs femmes violées, la question de l’identification des violeurs reste très délicate. L’un des facteurs est en fait celui de la complexité des conflits. Tellement qu’il y a plusieurs protagonistes. Parfois, on ne sait plus situer les camps opposés. Par ailleurs, la guerre dans l’Est du Congo a une coloration économique que politique. Dans cette contrée de la RDC, il y a plus d’une dizaine des groupes armés illégaux qui opèrent en toute tranquillité. À cela s’ajoute de nombreuses rebellions qui ne cessent de voir le jour et soutenues par les forces étrangères dans le but de piller systématiquement les richesses naturelles (cobalt, cuivre, diamant, manganèse, or, uranium, zinc…). La République démocratique du Congo, pays aux innombrables richesses, n’a pas une force militaire digne de ce nom pouvant défendre loyalement la souveraineté nationale de son territoire. Le pays ressemble à un «Far West». L’armée congolaise, au vrai sens du mot, n’est pas une armée. C’est un groupe d’indisciplinés qui parfois se substitue aussi à une bande violeurs des femmes. En l’absence d’une véritable justice, l’impunité règne. Peut-être un jour ou demain qu’on reparlera de la vraie justice dans ce pays où les corps des femmes et des filles sont profanés aujourd’hui.
L’œil de Jean MATI, journaliste congolais de la MDJ
Le prix de la vérité (JPost.com, 20 août 2013)
2012 a été l’année la plus meurtrière pour les journalistes. Qui sont ces hommes et ces femmes qui ont décidé de tout raconter au péril de leur vie ?
Le Prix Ilaria Alpi 2013 consacre le courage de Susan Mohammadkhani Ghiasvand
Prix Ilaria Alpi: le courage de la kurde d’Iran Susan Mohammadkhani Ghiasvand recompensé par UniCredit.
RICCIONE, 1 Août 2013 – Pour la quatrième année consécutive, UniCredit qui participe au prix Ilaria Alpi met en évidence l’importance du travail au service de la société, dans le but de la comprendre et l’améliorer et promeut les valeurs de transparence absolue et de liberté d’information.
Dans les dernières éditions du Prix Ilaria Alpi, le Groupe Unicredit a souhaité rendre hommage aux journalistes de trois continents différents: en 2010, Claudia Julieta Duque, colombienne persécutée par les services secrets de son pays; en 2011, Agnès Taile, du Cameroun qui, après avoir été kidnappée, battue et presque tuée, a été contrainte de demander l’asile politique à l’étranger pour poursuivre son travail; en 2012, deux journalistes syriennes Hanadi Zahlout et Yara Bader, incarcérées et torturées par le régime d’Assad.
Cette année, UniCredit a choisi de récompenser la jeune journaliste et écrivaine kurde d’Iran, Susan Mohammadkhani Ghiasvand. Victime de la répression pour avoir tenté d’exercer son droit à la liberté de la presse dans son pays, elle a été arrêtée à plusieurs reprises en 2010 et 2011. Afin de ne pas compromettre sa survie, elle a finalement décidé de demander l’asile politique en France et de fuir le régime de Teheran.
« Il y a beaucoup de limites qui ne peuvent être dépassées dans la société iranienne explique Susan. Beaucoup sont créées par l’État, dictées par la religion ou par les costumes. Les journalistes doivent faire très attention à ne pas dépasser ces limites et sont victimes de la censure. En Iran maintenant, nombreuses lois sont fondées sur la religion et ont été écrites par des hommes qui, dans de nombreux cas, malheureusement, ne prêtent aucune attention aux femmes « .
Unicredit, en accord avec la direction et l’Association du Prix Ilaria Alpi, a décidé de la récompenser comme l’exemple vertueux du courage professionnel dans la recherche constante de la vérité, comme un témoin clair de la valeur de la liberté de la presse et qui a sacrifié sa liberté personnelle pour un objectif supérieur: informer son peuple et le monde entier.
«Le prix que nous avons décidé de remettre à la journaliste kurde d’Iran Susan Mohammadkhani Ghiasvand – explique Manrico Lucchi, Territorial Media Relations Chef de UniCredit – est un signal clair que notre groupe reconnaît ceux qui, comme Ilaria Alpi, ne s’arrêtent pas face aux menaces et aux violences juste pour être en mesure de donner leur témoignage. Nous avons assisté avec émotion au «printemps arabe», on assiste encore aux événements au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Tout ça, grâce au courage de personnes comme Ilaria, comme son cameraman Miran Hrovatin, qui a été assassiné avec elle, comme les deux journalistes syriennes, qui nous avons récompensé l’an dernier, et comme Susan. Grâce à la valeur de leurs témoignages nous savons ce qui se passe, ce qui peut arriver et ce qui ne devrait plus arriver. C’est donc avec une profonde admiration et avec une réelle conviction que nous lui décernons ce prix à la valeur de la vérité et de transparence qui pour nous sont des droits universels « .
Depuis 2009, le prix remis par UniCredit dans le cadre de l’événement dédié à Ilaria Alpi veut promouvoir l’information capable d’observer en profondeur et de réfléchir sur les événements, en ligne avec ce qui est l’enseignement d’Ilaria Alpi et avec l’intention du Prix qui lui est dédié.