Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
Confirmer votre présence à l’Hôtel de Ville de Paris via ce formulaire :
Ali al-Muqri, « Toutes les religions coupent le désir », l’Humanité 29.12.2016
A l’occasion de la publication et de la traduction en français du roman Femme Interdite, l’Humanité accompagne sa critique littéraire d’un entretien consacré à Ali AL-MUQRI, journaliste et écrivain yéménite, ancien résident de la Maison des journalistes.
Dans cet entretien Ali AL-MUQRI livre sa vision de l’art de l’écriture et son analyse de la condition des femmes face à l’obscurantisme religieux.
L’occasion pour le journaliste et écrivain d’informer les lecteurs français sur la situation des libertés individuelles au Yémen et de témoigner de la douleur de l’exil : » je suis certes libre d’écrire, mais je n’y arrive pas. ».
Un portrait tout en nuances d’un homme de lettres, épris de liberté.
Vous pouvez lire l’intégralité de cet entretien sur http://www.humanite.fr/ali-al-muqri-toutes-les-religions-coupent-le-desir-629364 ou télécharger l’article en format PDF ici : Ali al-Muqri, l’Humanité, 29122016.
Maha Hassan : « À Alep je suis devenue orpheline deux fois » (Grazia, décembre 2016)
Ci-dessous la traduction de l’italien au français par Lisa Viola Rossi
Ma mère est morte à Alep le 16 décembre il y a un an. Je ne sais pas ce qu’elle faisait quand un missile a transformé la maison où elle m’avait mise au monde en un tas de gravats. Ma mère, Amina, était une femme pleine de joie, chaleureuse. Peut-être qu’elle préparait du thé pour ses voisins, qu’elle n’a jamais cessé de voir, même sous les bombardements. Quand je l’appelais par téléphone de la France – d’abord de Paris, puis de Brest, où je vis en tant que réfugiée politique depuis 12 ans – elle n’a jamais versé une larme: elle endurait l’enfer et pour moi elle s’efforçait de sourire. Je suis une fille d’Alep. Et aujourd’hui, je suis orpheline. Deux fois orpheline.
Mon pays, je l’ai perdu en 2004. Pour échapper aux persécutions contre la communauté kurde dont je fais partie, à 38 ans, j’ai été forcée de quitter la ville qui m’a vue naître et devenir une adulte, le berceau d’une grande civilisation qui a nourri mon inspiration en tant qu’écrivaine. Mais le cordon ombilical qui me lie à cette terre martyre, il n’a jamais été coupé. C’est le destin de nous les Syriens: il n’y a pas un lieu à l’extérieur de notre pays, qui est fait pour nous. Même quand on a l’impression de pouvoir enfin poser nos valises, nous nous rendons compte que la vie que nous vivions en Syrie, elle s’est collée à notre âme et que nous sommes condamnés à la comparer constamment à la nouvelle vie, à laquelle nous ne pouvons pas nous habituer.
La couverture du livre « Le Métro d’Alep » de Maha Hassan
J’ai essayé de donner corps à ces sensations dans mon dernier roman, Le Métro d’Alep, publié à Beyrouth aux éditions Dar al-Tanweer. Le personnage principal, Sara, fuit la guerre qui a dévasté ce qui, un temps, pouvait se vanter du titre de capitale économique de la Syrie, et elle a trouvé refuge à Paris. Elle passe ses journées à errer dans le métro, sans racines, sans liens, dans les limbes de la mélancolie qui lui empêche de vivre et où le passé et le présent se chevauchent sans cesse. Un jour, quand elle se perd dans un dédale de tunnels et des escaliers mécaniques et quelqu’un lui demande ce qu’elle cherche, Sara lui répond : « La ligne menant à Alep ».
Sara est un personnage fictif, mais elle me ressemble. Le missile qui a tué ma mère et a détruit ma maison, il a fait de moi une sorte de fantôme, un être invisible. Ce jour-là j’ai tout perdu, ma vie est une non-vie.
Si je ferme les yeux et je pense à Alep, je ne peux plus voir la ville de mon enfance et de ma jeunesse, des rues animées du centre-ville, le rassurant brouhaha des cafés. Si je ferme les yeux et je pense à Alep, je vois Berlin en 1945: les décombres, la mort, la désolation. Tout est noir et blanc. La guerre a effacé les couleurs.
J’ai appris hier que le quartier dans lequel se déroule un chapitre de mon roman a été bombardé et il n’existe plus. J’ai perdu mon Alep, mais aussi Sara – mon personnage – elle a perdu le sien. C’est comme mourir deux fois. Que deviendra ma ville? Je ne peux pas répondre. D’une part, je suis convaincue que les blessures ne guériront jamais complètement. La guerre a enlevé un morceau de notre âme.
D’autre part, je refuse de perdre l’espoir. Certains membres de ma famille vivent encore là-bas. Mon frère et ses quatre filles ont survécu au bombardement de leur maison et ils ont trouvé refuge dans la ville universitaire. Un jour, peut-être, mes petits-enfants verront Alep ressuscité, reconstruite, en paix.
J’avais prévu de consacrer mon dernier livre à ma mère. Je voulais la surprendre, mais elle est morte avant que j’aie pu le terminer. Amina était illettrée, elle n’a jamais pu lire une ligne de ce que je publiais, mais elle m’a encouragée, m’a soutenue, elle était fière de moi. Si je continue à écrire, je le fais pour elle, et pour donner une voix à toutes les personnes qui ne peuvent exprimer leur douleur; je suis chanceuse, j’ai l’occasion de témoigner et c’est comme si ma souffrance a un sens. Jamais je ne vais arrêter de le faire : je suis une fille d’Alep, tel est mon destin.
La MDJ recherche trois profils de bénévoles
Description : La Maison des journalistes (MDJ) est une association loi 1901, située à Paris qui accueille et accompagne des journalistes contraints de fuir leur pays pour avoir voulu pratiquer une information libre. Il s’agit d’un lieu de résidence provisoire pour ces exilés, professionnels de l’information, un endroit pour se reconstruire et continuer la mobilisation en faveur de la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Statut proposé : Bénévole
Fonctions :
Vous accueillez, orientez et gérez les parcours d’accompagnement/d’insertion des journalistes exilés dans un domaine connexe au journalisme : média, communication etc…ou reconversion.
Missions :
– Vous réalisez des diagnostics et des conseils de mobilité professionnelle individualisés, et permettez l’autonomie et l’accès/ le maintien dans l’emploi des journalistes ayant le statut de réfugiés (ayant autorisation de travail).
– Vous assurerez un reporting régulier de votre activité à la responsable de l’action sociale.
Qualités :
Vous êtes rigoureux(se), pro-actif(ve), doté(e) d’un bon relationnel, autonome, et avez un réel sens de l’écoute et du service.
Dans l’idéal, vous avez une première expérience dans les métiers de l’ insertion professionnelle ou connaissez bien le monde de l’emploi et de l’entreprise.
Merci d’envoyer votre CV et lettre de motivation à :
actionsociale@maisondesjournalistes.org
***********
2. LA MAISON DES JOURNALISTES RECHERCHE H/F CONSEILLER A LA CREATION D’ENTREPRISE
Statut proposé : Missions bénévoles ponctuelles
Poste et missions :
Dans le cadre d’entretiens individuels, vous serez amené à évaluer, diagnostiquer, piloter, analyser les projets des candidats, et les conseiller et former à la création d’entreprise, sur l’ensemble des champs de compétence inhérents à la création ou au développement d’entreprise (conduite de projet, étude de marché, stratégie commerciale , positionnement stratégique, étude financière et économique, étude juridique, étude organisationnelle).
Qualification : Formation supérieure de préférence à dominante gestion/finance
Expérience professionnelle exigée dans une fonction similaire.
Savoir faire :
– Maîtrise des méthodes de conseils, d’accompagnement et de formation.
– Conduite et évaluation de projet dans des temps déterminés.
– Connaissances et pratiques des partenaires et bailleurs de la création d’entreprises.
Merci d’envoyer votre CV et lettre de motivation à :
actionsociale@maisondesjournalistes.org
************
3. LA MAISON DES JOURNALISTES RECHERCHE DES BENEVOLES TRADUCTEURS ET/OU INTERPRETES DE L’ARABE, DU RUSSE, DU TURC, DE L’ESPAGNOL ET DE L’ANGLAIS
Statut proposé : Bénévole
Fonctions : Les bénévoles traducteurs-interprètes seront appelés pour des interventions et des échanges publics avec nos journalistes non francophones et également pour la publication de leurs articles en français sur L’œil de l’exilé.
Qualités : Vous êtes rigoureux(se), pro-actif(ve), doté(e) d’un bon relationnel, autonome, avez un réel sens de l’écoute et maîtrisez parfaitement le français et l’arabe, l’espagnol, le russe, le turc ou l’anglais.
Dans l’idéal, vous avez une première expérience dans les métiers de l’interprétation et/ ou de la traduction.
Merci d’envoyer votre CV et lettre de motivation à :
communication@maisondesjournalistes.org