Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos croisent leurs regards pour raconter des expériences très personnelles autour des notions d’exil, d’accueil, de répression, de résistance, de succès ou d’échec.
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Renvoyé spécial IDF : Osman Ahmadi au Lycée Polyvalent Champlain de Chennevières-Sur-Marne
Mercredi 22 mars 2017, les élèves de Seconde Bac Pro Electricité, accompagnés de leur professeures documentalistes Isabelle Nail et Sandrine Quinchon, de leurs professeures d’anglais Paula Boulon et Amélie Deprez et des membres du CLEMI Créteil Élodie Gautier, José de Magalhaes et Frantz Glowacki ont rencontré Osman Ahmadi, journaliste et écrivain afghan, dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial Île-de-France organisée au Lycée Polyvalent Champlain de Chennevièvres-sur-Marne (94).
Osman AHMADI répond aux questions des élèves de Seconde Bac Pro Electricité du lycée Polyvalent de Chennevièvres-sur-Marne ©Calypso VANIER
« Je me devais d’être journaliste en Afghanistan parce qu’il y avait des problèmes dans notre société notamment à cause des extrémistes. Et pour moi ce n’est pas acceptable d’imposer une vérité aux autres »
Diplômé d’une licence en philosophie et en sociologie, l’écrivain Osman Ahmadi a exposé lors de son intervention les principes qui guident sa vie. Il a ainsi rappelé que pour lui la « vraie liberté » consiste à garder son esprit critique face à la pression de sa famille, de ses amis et des médias. A l’aide de photos, le journaliste afghan a montré que les citoyens afghans étaient paradoxalement plus libres avant les années 1980 qu’aujourd’hui. L’établissement en 2001 d’un gouvernement démocratique, composé en partie d’extrémistes, donne tout de même de l’espoir à Osman Ahmadi.
Journaliste pour le quotidien Mandagar et le journal Fédéral Tow Weekly, c’est la parution du livre Afsanah Masnavi qui oblige Osman Ahmadi à rejoindre la France en 2011. Dans ce pays, encore très conservateur, ce livre remettant en question l’existence de Dieu a provoqué la colère des intégristes religieux et poussé son auteur à l’exil. En ce moment, Osman Ahmadi suit une formation dans le numérique et attend la réponse de plusieurs maisons d’éditions concernant la publication de son dernier manuscrit mi-fiction, mi-autobiographique Par de là les murs.
L’écrivain a ensuite laissé la parole aux lycéens. Très concentrés tout au long de son discours, ces derniers lui ont surtout posé des questions personnelles notamment autour de sa famille, de son identité malgré l’exil, de son parcours et même de ses loisirs.
Osman AHMADI expose l’Histoire et la situation actuelle de l’Afghanistan aux élèves du Lycée Champlain de Chennevières-sur-Marne © Calypso VANIER
Un moment très apprécié des lycéens comme en témoignent leurs retours enthousiastes :
« On a appris beaucoup de choses sur la vie hors de la France et on a vu qu’on vivait dans un beau pays »
« Le rôle du journaliste est de dénoncer, graver dans la mémoire pour ne pas que ça tombe dans l’oubli »
« J’aimerais dire aux journalistes exilés qu’ils sont très courageux et remercier Osman Ahmadi pour ses informations et son intervention »
« Continuez comme ça, la vie est remplie d’épreuves à surmonter, ce qui ne tue pas rend plus fort »
Assises du Journalisme 2017 : le prix Enquête et Reportage pour le photographe syrien Karam Al-Masri
« À Alep, comme vous attendez le métro, nous attendons la mort», Karam Al-Masri, photo-reporter syrien aux Assises du Journalisme 2017.
Karam AL-MASRI récompensé du Prix Enquête et Reportage par la journaliste Anne-Claire COUDRAY aux côtés de ses pairs aux Assises du Journalisme 2017 ©Journalisme.com
Jeudi 16 mars 2017, lors de la 10ème édition des Assises du Journalisme 2017, le prix « Enquête et reportage » a été décerné au photographe syrien Karam Al-Masri, actuellement résident de la Maison des journalistes, pour son reportage à Alep sous les bombes pour l’ Agence France Presse (AFP) Couvrir Alep, la peur au ventre et le ventre vide avec la journaliste Rana Moussaoui.
Cliquez ici pour (re)découvrir leur travail en photos, textes et vidéos.
Après un raid aérien contre un quartier rebelle d’Alep, le 20 mai 2015 @Karam Al-Masri/AFP
Renvoyé spécial : la journaliste Gulasal Kamolova au Lycée Professionnel Arthur Rimbaud de La Courneuve
Jeudi 9 mars 2017, les élèves de Seconde Bac Pro Commerce et Accueil, accompagnés de leur conseillère principale d’éducation Sophie Stephant, de leur professeure documentaliste Aurélie Desperiez, de leurs professeures de lettres et d’Histoire Cécile Conteh et Brigitte Évard, ont rencontré Gulasal Kamolova, journaliste ouzbèke, dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial organisée au Lycée Professionnel Arthur Rimbaud de la Courneuve (93).
Crédits photo : Sergio Corona
« Qu’est-ce qui a changé depuis la mort du président Karimov ? Rien. Je voulais rentrer en Ouzbékistan après la mort du président le 2 septembre 2016. J’ai crié »Hourra, je rentre chez moi ! » Mais mes amis m’ont prévenue : si tu reviens tu seras arrêtée à l’aéroport. Je ne peux pas rentrer chez moi. »
La journaliste Gulasal Kamolova a expliqué les raisons de son exil, comparé la situation de la liberté de la presse dans son pays et en France et s’est attardée sur les cas de corruption dans son pays. Les lycéens ont été particulièrement émus lorsque Gulasal Kamolova a évoqué sa famille et la douleur de l’exil. Apprendre que dans ce pays d’Asie centrale, les enfants sont réquisitionnés chaque année pour assurer la récolte du coton, a été un véritable choc pour le public présent.
Ex-rédactrice au sein d’une télévision privée en Ouzbékistan, correspondante à Moscou pour le compte de la radio Liberté puis journaliste freelance en Ouzbékistan de 2011 à 2015, Gulasal Kamolova, menacée plusieurs fois de mort, a fini par quitter son pays et arriver en France. Même si la jeune femme est, aujourd’hui, loin de ses proches et de son pays, elle ne « »regrette rien », comme Edith Piaf ».
« Je ne peux pas vivre sans mon travail, le journalisme c’est ma vie ».
Un échange a eu ensuite lieu entre les élèves, les membres de la Maison des journalistes et Gulasal Kamolova autour de questions préparées en amont par la classe. Une réflexion a notamment été menée autour des limites de la liberté d’expression et des enjeux de la profession de journaliste en France.
Gulasal KAMOLOVA explique la signification du drapeau de l’Ouzbékistan aux élèves Bac Pro Commerce et Accueil du Lycée Professionnel Arthur Rimbaud. ©Camille PEYSSARD-MIQUEAU
Des élèves heureux d’avoir rencontré et échangé avec la journaliste comme le prouvent ces témoignages :
« Respect, respect, respect, continuez à exercer vos rêves même si c’est interdit !»
« Je souhaite du courage aux journalistes exilés et plein de réussite et que tout s’arrange pour le mieux et qu’ils puissent faire ce qu’ils aiment sans fuir leur pays et être loin de leur famille »
« Ce qui m’a frappé dans ce témoignage c’est son vécu, surtout le moment où elle a parlé de sa famille, ça m’a vraiment touché »
« J’ai appris beaucoup de choses, par exemple que dans d’autres pays, il n’y a pas vraiment de liberté d’expression »
Ci-dessous la galerie des photos de Sergio Corona :