Le 7 avril dernier, l’équipe de la MDJ recevait dans ses locaux au 15e arrondissement une vingtaine de membres de la direction de la protection judiciaires. Venus des quatre coins de la France, ils ont pu se glisser dans les dessous des préparations de l’opération Renvoyé Spécial et se familiariser avec le nouveau kit pédagogique mis à leur disposition grâce au soutien des ministères de la culture, de la justice et de la Fondation EDF. Une journée riche en discussions qui a permis de faire évoluer un projet qui ne cesse de s’étendre depuis sa mise en place, en 2016.
10h00 : Bienvenue à la maison des journalistes
Arrivés au compte-gouttes, les membres de la PPJ s’approprient progressivement les lieux. La journée démarre par une présentation de l’association mais aussi et surtout de la mission Renvoyé Spécial PJJ, financé par les ministères de la culture, de la justice et la fondation EDF. Il est remis la nouvelle version du kit pédagogique le support informatique à destination des bénéficiaires du programme RS. Les éducateurs peuvent alors se familiariser avec le nouvel arsenal dont le contenu pédagogique se décompose en trois parties, une partie introductive dédiée au journalisme et à ses pratiques, une seconde relative à la liberté d’expression et la liberté de la presse et enfin une dernière partie sur la migration et le parcours d’exil. Ils s’essayent aussi aux activités éducatives proposées dans le kit. Après cette prise en main, il est l’heure de débuter l’immersion dans une journée type du programme Renvoyé Spécial PJJ, pour commencer, les invités de la journée sont invités à visiter les locaux de l’association pour comprendre les valeurs portées par la MDJ.
12h00 : Un déjeuner convivial
Après deux heures de présentation de l’association et de ses missions, les participants se sont retrouvés autour de la table de la cuisine de la Maison, l’occasion pour tous et toutes de faire plus ample connaissance. L’ambiance est conviviale et chacun reprend des forces avant d’entamer les activités de l’après-midi.
13h00 : Visite de l’exposition « Dessins pour la paix »
Après ce moment de partage, les membres de la PJJ poursuivent leur immersion et participent à une visite guidée par Camille Peyssard-Miqueau, chargée de mission partenariats et recherches de fond au sein de l’association, d’une exposition dédiée au dessin de presse de l’association Cartooning for peace. Comme avec les jeunes de la PJJ, la visite se conclut par l’interprétation de quelques images présentées afin d’échanger et de déconstruire les idées reçues autour du dessin de presse.
14h00 : Rencontre avec un ancien résident
Retour dans la salle de travail pour toute l’équipe car il est l’heure de faire la rencontre d’Anderson D. Michel, un journaliste haïtien. Contraint de fuir son pays d’origine parce que menacé de mort à la suite de son émission décryptant les agissements du gouvernement, « Chez nous on n’emprisonne pas on tue », a-t-il expliqué dès le début de son intervention. Désormais ancien résident de la Maison des journalistes, le journaliste qui a l’habitude de témoigner dans les collèges et lycées explique aux membres de la PJJ comment il adapte son discours avec les jeunes en réinsertion. Les invités du jour, touchés par ce qui leur est raconté, se prennent aux jeux de la rencontre et posent d’innombrables questions à Anderson qui répond avec sa bienveillance habituelle.
15h00 : L’heure de faire le point
Pour finir cette journée, la parole est laissée aux membres de la PJJ. Invités à participer à un atelier discussion, pendant une heure ils discutent ensemble des jeunes dont ils ont la responsabilité, des thèmes qui pourraient être opportuns d’aborder comme par exemple la tolérance, les fake news ou encore l’autocensure. Ce moment d’échange est aussi l’occasion de convenir avec l’équipe de la MDJ des supports qui pourraient être intéressants à mettre en place lors des interventions Renvoyé Spécial, notamment, la réalisation par les jeunes d’un journal papier ou la création d’une affiche. Enrichie de toutes ces idées, la journée de préparation s’achève pour tous ses participants qui, chacun à son échelle, a permis de faire grandir le programme Renvoyé Spécial PJJ.
Par Emma Rieux Laucat
Pendant 5 jours, des collégiens et des lycéens ont été réunis autour du thème « S’informer pour comprendre le monde », l’occasion pour eux de revenir aux fondamentaux des médias par l’intermédiaire de discussions déconstruisant les idées reçues et de s’approprier les droits et devoirs de celui qui est à l’origine de l’information : le journaliste. Entre interviews et rencontres avec les scolaires, pour la quinzième année consécutive la Maison des journalistes était en première ligne pour sensibiliser à la nécessité de « l’information responsable » et inciter les jeunes à développer leur esprit critique.
Série de rencontres Renvoyé spécial
La Maison des journalistes, acteur majeur de la semaine de la presse et des médias organisée par son partenaire le CLEMI, a mobilisé quatre de ses journalistes pour aller à la rencontre des élèves. De Lille à Deauville, en passant par La Courneuve ou Provins, les journalistes exilés ont sillonné la France pour témoigner en tant que professionnels des médias.
Mardi 22 mars : Escale au Nord et en Normandie
Deux rencontres ont eu lieu le mardi 22 mars 2022. À Lille, Manar Rachwani, a rencontré des élèves du Lycée technique, professionnel et général César Baggio. Journaliste syrien ayant travaillé une grande partie de sa vie en Jordanie, Manar est revenu avec les lycéens sur l’état de la liberté de la presse dans les pays du monde Arabe. Lors de la rencontre il a échangé avec les élèves sur les techniques qui, selon lui, mettent à mal la liberté des médias : l’autocensure, la juste privée c’est à dire le musellement des journalistes du fait de procès engagé par des groupes privés et l’information prédéfinie par les gouvernements. Pour le journaliste, ces trois situations sont un fléau pour la Jordanie, mais aussi pour certains pays européens.
Le même jour, Mariam Mana journaliste afghane s’est rendue au lycée André-Maurois de Deauville dans le Calvados. Accueillie chaleureusement par les élèves de première spécialisés en géopolitique, la journaliste a eu l’occasion de rappeler l’importance du fact-checking face à des situations comme celle de l’Ukraine ou l’Afghanistan et de s’exprimer sur la place de la femme dans ce pays tenu par les Talibans.
Jeudi 24 mars : initiation au journalisme citoyen pour élèves de Provins
Pour le troisième rendez-vous, Samad Ait Aicha journaliste d’investigation marocain s’est rendu à Provins pour sensibiliser les élèves du collège Jules Verne sur les thématiques de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Lors de cette rencontre, Samad, qui est considéré comme l’une des figures centrales du journalisme citoyen marocain, est revenu sur la démocratisation des voies d’information et de la nécessité de chacun de se saisir de son smartphone pour participer à la production d’une information libre et éclairée.
Vendredi 25 mars : la Syrie invitée à la Courneuve
La Semaine de la presse et des médias s’est achevée pour la Maison des journalistes par la rencontre entre le journaliste syrien Sakher Edris la seconde du lycée Jacques Brel de la Courneuve. Pour l’occasion, l’ancien résident de la MDJ a raconté son histoire au travers du tragique destin de la Syrie : la prise du pouvoir par la famille Assad, l’emprisonnement de son père et son oncle, la tentative de révolution du peuple au moment du Printemps arabe… Au regard de l’actualité ukrainienne, Sakher qui a l’habitude d’aller à la rencontre des scolaires, a adapté sa présentation afin de faire un parallèle entre la guerre en Ukraine et celle en Syrie. Par l’intermédiaire de photographies de guerre, le journaliste a montré aux élèves les similarités entre les deux champs de batailles. Selon le média local Regard, présent lors des échanges, cette rencontre a suscité beaucoup d’admiration de la part des étudiants qui ont posé d’innombrables questions.
Darline Cothière au micro de NRJ 12
À l’occasion de la semaine de la presse, Darline Cothière, directrice de la MDJ a été interrogée par NRJ12 sur la liberté de l’information et tous ses aspects, elle en a profité pour rappeler que « La liberté de la presse est fondamentale parce qu’elle permet de garder un équilibre démocratique et qu’on a besoin d’être informé pour comprendre le monde qui nous entoure, car lorsque la liberté de la presse est bafouée, c’est une atteinte à la démocratie, c’est une atteinte au citoyen. C’est malheureusement ce qui arrive dans les régimes totalitaires et liberticides ».