Vendredi 24 janvier 2014, invitée par Altermondes, revue trimestrielle de solidarité internationale, une délégation de journalistes citoyens maghrébins, accueillie par Mme Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes, ont rendu visite aux journalistes exilés en France en guise de solidarité.

Cameraman / Montage : Pierre Toh
Texte : Nguebla Makaila
Voix off : Frédéric Roy
Musique : Bernard Lavilliers « L’exilé »

Rencontre avec un journaliste congolais au Lycée Antoine Bourdelle de Montauban (Tarn-et-Garonne / Midi-Pyrénées),  21 janvier 2014.

Article publié par ladepeche.fr, le 22 janvier 2014

Article publié sur Mediapart, 19 mars 2014

 

DEPUIS 1948 LES PALESTIENS VIVENT CONDAMNES A UNE HUMILIATION PERPÉTUELLE. ILS NE PEUVENT PAS RESPIRER SANS PERMISSION. ILS ONT PERDU LEUR PATRIE, LEURS TERRES, LEUR EAU, LEUR LIBERTE : ILS ONT TOUT PERDU.

Article de Jesus ZUNIGA, journaliste cubain

Traduit de l’espagnol par Sylvère Forge

Paris, Janvier 2014

LA VOIX ÉTOUFFÉE.

2Au milieu de 1985, une délégation d’élus nationalistes palestiniens expulsés de Cisjordanie par les autorités militaires israéliennes, foula pour la première fois un des sièges de l’Organisation des Nations Unies : celui de l’UNESCO à Paris.

Les élus nationalistes, également surnommés les « notables palestiniens », confiaient pouvoir rassembler un flux d’opinion favorable chez les habitants des territoires occupés par l’état israélien depuis la guerre de 1968.
Les élus avaient résumé devant la presse internationale les exigences des Palestiniens : « Nous voulons un pays, un drapeau, un passeport ». Les représentants de Tel Aviv leur répondirent laconiquement : « faut pas rêver ». Trois ans plus tard un état palestinien fut proclamé à Argel par l’Organisation pour la Liberté de Palestine (OLP).

L’absence de solution au conflit israélo-palestinien, depuis plus de quarante ans d’occupation, « continuera d’affecter la réputation de l’ONU et d’éveiller des doutes sur son impartialité », avait déclaré/exprimé en son temps l’ex-secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Il disait vrai.
Depuis 1948, les palestiniens vivent condamnés à une humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent pas respirer sans permission. Ils ont perdu leur Patrie, leur terres, leur eau, leur liberté : ils ont tout perdu.

DES ABUS A L’ABSURDE.

Au Petit matin du 28 novembre 2013, les forces armées israéliennes firent irruption au domicile de la famille Al-Majid à Jérusalem, avec l’ordre d’interpeller Mohamad Al-Majid.
Sans montrer de résistance, le père de la famille Zine Al-Majid objecta qu’il ne comprenait pas le motif de son arrestation. Devant la dureté des militaires, et convaincu que la situation pouvait dégénérer, il ne restait pas d’autre possibilité à cet homme que d’accepter son arrestation et de demander à l’officier en charge de l’opération militaire, si lui et son fils pouvaient tout de même emporter « du lait et des couches jetables », ainsi que « le stricte nécessaire». Son fils, endormi à ce moment-là, et qui allait être arrêté pour constituer une menace à la sécurité de l’état israélien, était âgé de quatre ans.

Selon les données de l’ONU, entre 500 et 700 enfants âgés de 12 à 17 ans sont arrêtés, interrogés et emprisonnés chaque année par l’armée israélienne. D’après ces mêmes informations, ce chiffre avoisinerait sur la dernière décennie les 7000 mineurs incarcérés.
Pour les libérer, les autorités leur demanderaient de signer une confession écrite en hébreu, que ceux-ci ne parlent pas.

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QUE FAIT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ?

Aucune autre cause n’a demandé à l’ONU autant de consommation de papier que la cause palestinienne. Des centaines de résolutions la concernant n’ont jamais été respectées, ou encore moins appliquées.
Jamais les décisions et les mécanismes de l’ONU ne se sont vus autant embourbés que pour le cas palestinien. Les efforts pour neutraliser l’intervention des Nations Unies dans ce conflit ont toujours été orchestrés par les États-Unis.
Washington a voté plus de quarante résolutions au Conseil de Sécurité de l’ONU à l’encontre d’Israël, dont certaines d’entre elles ont été rédigées par ses propres alliés européens.
Un regard rapide sur la situation actuelle au Moyen-Orient, laisse transparaître que toutes ces obstructions étaient à l’encontre des intérêts de tous les partis, et n’ont conduit ni à rétablir la paix, ni la sécurité dans la région. Plus de la moitié des 690 résolutions adoptées par l’Assemblée générale entre 1947 et 1990 ont été tout simplement ignorées.
L’ONU est intervenue directement pour résoudre tous les conflits postérieurs à la Guerre froide : en Bosnie, au Kosovo, en Somalie, au Koweït, en Irak, en Afghanistan, en Iran, et plus récemment au Liban, au Sud Soudan et en Syrie.
Mais rien n’a été fait concernant le problème palestinien.
Seulement après une série d’échecs répétés, les États-Unis permirent que l’ONU participe au processus diplomatique de Paix, tout en étant incluse uniquement comme partenaire minoritaire dans le Quatuor dénommé, instance de médiation internationale incluant l’Union européenne et la Russie.

Au cours des quatre dernières décennies, Israël a violé toutes les résolutions relevant du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui « déplorent » toutes les mesures israéliennes visant à modifier les caractéristiques physiques, la composition démographique, et la structure institutionnelle de la Palestine et des autres territoires arabes occupés depuis 1967, incluant Jérusalem.
Israël n’a également pas tenu compte des dizaines de résolutions des Nations Unies, qui l’« exhortaient », l’« incitaient » ou lui « recommandaient » de changer sa politique, et qui condamnaient ses attaques et la construction de colonies juives sur les territoires palestiniens, tout comme l’occupation militaire et la déportation.
Paradoxalement, l’État d’Israël fut créé par une résolution de l’ONU en faveur de la partition de la Palestine en 1947. Israël fut acceptée comme membre de l’Organisation des Nations Unies encore naissante, à la condition de respecter le retour des réfugiés palestiniens.

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UN PRINTEMPS PALESTIEN ?


6Le 11 novembre 2004, Yasser Arafat (Abou Ammad), premier Président palestinien, fondateur de l’OLP et Prix Nobel de la Paix 1994, décéda en France à l’Hôpital militaire Percy, à l’âge de soixante-quinze ans. La cause de sa mort a toujours été accompagnée de soupçons d’empoisonnement au polonium 210, et les services secrets israéliens(Mossad)ont été accusés d’être derrière cette opération.

Cette semaine-là, Tawfiq Tirawi, président de la commission d’investigation créée pour mettre en lumière les véritables causes de la mort du leader historique, a assuré que « très prochainement » les personnes responsables de la mort de Yasser Arafat seraient identifiées.
« Je promets que la prochaine conférence de presse sera la dernière, et que quiconque qui a participé de près ou de loin à cette affaire verra son nom dénoncé au grand jour », a déclaré Tirawi à la chaîne de télévision PALESTINE TODAY.
A Paris, la veuve d’Arafat a également dit qu’un membre du cercle le plus proche du dirigeant défunt était responsable de sa mort, ce qui n’a fait qu’accroître la tension entre les différentes factions palestiniennes.

Fervent défenseur des Printemps arabes de toutes formes, et ennemi juré des « obstacles sur le chemin de la paix », Barak Obama- qui a plaidé en 2010 depuis la tribune des Nations Unies pour qu’ « …un nouvel état palestinien puisse assister à la prochaine assemblée générale… »- est celui qui aujourd’hui clame haut et fort la nécessité d’adopter une posture « plus prudente ».
Serait-ce la nécessité d’assurer plutôt au Parti démocrate les millions de votes de l’électorat juif aux prochaines élections nord-américaines ?

Il y a quelques années à La Havane, un sénateur démocrate américain bien connu, Christopher Dodd, nous a confessé (avec toujours cet humour qui le caractérise), à nous autres, quelques journalistes indépendants cubains réunis autour de lui, que : « …si le lobby juif ou cubain à Washington nous ordonne de nous jeter par la fenêtre, la question ne saurait être  »’pour quelle raison ? », mais plutôt  »de quel étage ? »… ».

Aujourd’hui c’est partie de l’Histoire ! . L’Autorité Nationale Palestinienne dispose déjà d’un siège de membre permanent à l’UNESCO et a présenté officiellement auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies sa demande d’entrée en tant que nouvel état indépendant.
Les « notables palestiniens » de 1985 qui se rendirent à Paris ont désormais disparu. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza possèdent d’ors et déjà un drapeau et un passeport. Qu’en est-il d’un état ?…

Les Palestiniens rêvent encore.

 

 

 

« L’Exil », le catalogue de dessins de presse de la MDJ est disponible. Un beau cadeau de Noël et un geste de solidarité.

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catalogue

La Maison des Journalistes a été partenaire de la 3ème édition de Rencontres Capitales 2013, sous le thème global « Changer de société? », qui a eu lieu à Marseille, les 14,15 et 16 novembre 2013.

La vidéo intégrale de la conférence « Peut-on créer une éducation à la paix et à la tolérance ? » : parmi les intervenants 2013, la directrice de la MDJ, Darline Cothière.

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Producteur : Au fil de l’eau
Année : 2013

1947. Après la seconde guerre mondiale, les pays européens dévastés et ruinés unissent leur force grâce à l’intervention financière des Etats-Unis. Le plan Marshall est lancé à destination des pays européens intéressés, avec pour objectif : construire une Europe unie et maintenir des relations pacifiques. 2012. L’Union européenne reçoit le prix Nobel de la paix pour son œuvre de pacification des relations entre les pays du Vieux continent réalisée depuis 1950. Mais cette récompense ne peut pas faire oublier que 2012 a également été l’année d’un grand nombre de violences et de manquements aux droits de l’homme dans le monde. Conflits armés médiatisés, comme en Syrie, violations des droits de l’homme recensés par Amnesty International et Reporters sans frontières (2012, année la plus meurtrière pour les journalistes depuis 1995)… Ce débat nous permettra de comprendre comment l’Union européenne a réussi à mettre en place une telle paix par l’éducation. Mais cette démocratie est-elle toujours un modèle à suivre ? L’éducation à la paix et à la tolérance n’est-elle finalement pas une nécessité permanente ? Dans ce contexte mondial de tensions, quel est le rôle des Etats et des parents dans cette éducation?

La Maison des journalistes héberge et accompagne pour une durée de six mois les professionnels de l’information contraints de fuir leur pays.

 (article publié sur A Paris n.49, Hiver 2013-14)

© Émilie Chaix / Mairie de Paris

© Émilie Chaix / Mairie de Paris

Un après-midi, en pleine semaine, rue Cauchy (15e). Le soleil perce à travers les fenêtres de l’ancienne usine de brosses à reluire située au numéro 35. À l’entrée, une coupure de presse encadrée informe le visiteur : « La Maison des journalistes est née. » C’était en 2002. Cela fait onze ans que cet établissement associatif soutenu par la Ville de Paris accueille les journalistes étrangers contraints de fuir leur pays. Présidé par Fabrice Drouelle, il a été créé à l’initiative de Danièle Ohayon, journaliste, et de Philippe Spinau, réalisateur indépendant. « Notre rôle est de venir en aide à ces personnes qui arrivent en France dans l’anonymat et l’indifférence », souligne la directrice, Darline Cothière. La Maison des journalistes (MDJ) dispose de 14 chambres. Les journalistes sont hébergés pour six mois et bénéficient d’une aide matérielle et juridique. Ils viennent pour la plupart de Syrie, du Yémen , d’Irak, d’Iran, du Tchad, d’Afghanistan… À ce jour, plus de 260 professionnels de l’information issus de près de 60 pays différents y ont été accueillis.

Échapper à la prison

Parmi eux, Makaila Nguebla. Ce Tchadien de 42 ans est arrivé en juillet dernier, après de longs mois d’exil en raison de la publication d’articles critiques sur la politique du gouvernement. « Je ne peux plus retourner dans mon pays, où je risque l’emprisonnement », témoigne- t-il. Makaila continue ainsi d’alimenter son blog*, dont le slogan rappelle la raison d’être de la MDJ : « Une plume combattante et indépendante. »

http://makaila.over-blog.com

→ 35, rue Cauchy (15e). Tél. 01 40 60 04 02/05. www.maisondesjournalistes.org

àParis+ sur Paris.fr/aparis : Rencontre avec Makaila Nguebla