(Article publié le 2 avril 2017 par Fabienne Gérault : cliquez ici pour lire la version originale)

Le 8 novembre 2016, des membres de l’association ont rencontré, à Paris, des confrères et consœurs résidents de la Maison des journalistes. Les grandes lignes de notre projet de formation ont été définies.

Une dizaine de journalistes de la Maison des journalistes (MDJ) ont participé à cette première rencontre. La plupart sont résidents depuis quelques mois et viennent du Yémen, d’Iran, du Rwanda, du Burundi, de Syrie, de Mauritanie. Quelques-uns n’y sont plus hébergés mais reviennent régulièrement notamment pour collaborer au média en ligne  loeildelexile.org Ils sont journalistes, graphiste, dessinateur, venus de la TV, presse print et en ligne, radio.

Pendant cette rencontre, étaient également présentes Darline Cothière, la directrice et Lisa Viola Rossi, journaliste, chargée des activités pédagogiques et de sensibilisation et secrétaire de rédaction de loeildelexile.org

L’œil de l’exilé, la rédaction bénéficiaire. Nous avons convenu que le média en ligne de la MDJ serait notre point d’accroche. En effet, il est plus concret de partir d’un espace de publication et d’implication existant. Darline Cothière et son équipe réfléchissent à ce que pourrait devenir ce média, surtout que ce dernier vient de recevoir un agrément professionnel de média en ligne. Ce qui implique réorganisation et redéfinition de son objectif et de sa cible.

Les thèmes de formation. Quelques priorités ont été listées.

  • Ainsi, notre premier atelier pourrait être consacré à une présentation du paysage médiatiquefrançais. Il semble que nos confrères aient besoin de comprendre comment fonctionnent nos médias tant sur le plan éditorial que commercial, comment se porte la profession, comment ils pourraient collaborer, etc.
  • Le second thème serait un accompagnement à la redéfinition de la ligne éditoriale de l’œil de l’exilé. Les journalistes ont tous une très forte envie d’exercer leur métier. Or, ils sont inconnus en France. Comment valoriser leurs compétences dans nos rédactions, quel genre d’article pourrait intéresser les professionnels français, les lecteurs hors profession, la diaspora ? Comment l’œil peut-il devenir une référence journalistique ? Les aider à trouver ces réponses sera plus concret que des formations académiques sur le journalisme.
  • Enfin, les techniques d’écriture print et websont attendues.

Référent à la MDJ. Lisa Viola Rossi sera notre référente. La nomination d’un journaliste résident pourrait aussi être précieuse dans ce besoin de relais direct entre eux et nous.

Calendrier. Nous tenterons de caler un premier atelier fin janvier/début février. Le 2 février a été retenu pour l’instant. Le temps pour la MDJ de redéfinir l’organisation de L’œil. Nous avons établi que nos interventions se passeraient sur une demi-journée. Au rythme d’un atelier tous les deux mois, animé par un ou deux formateurs d’Ouest-Fraternité. Serge Poirot et Valérie Parlan se sont portés volontaires pour le premier consacré au paysage médiatique.

Ouest Fraternité est une organisation non gouvernementale créée en 1992 pour favoriser le développement de la presse écrite dans les pays du Sud et les pays en voie de démocratisation…

Vendredi 17 mars 2017, les élèves de Terminale Scientifique, accompagnés de leurs professeures référentes, Kathy Gautron, professeure documentaliste, et Viriginie Barret, professeure d’anglais, ont rencontré le journaliste et activiste syrien Sakher Edris, dans le cadre de l’opération Renvoyé spécial organisée au Lycée St Marc de Nivolas-Vermelles (38).

Sakher EDRIS évoque l’actualité de la Syrie face aux lycéens ©M.Michellier / France 3 Alpes

De son parcours personnel aux raisons qui l’ont poussé à l’exil, Sakher Edris a permis aux étudiants présents de prendre connaissance de manière approfondie de la situation en Syrie, de mieux identifier les forces en présence qui s’y affrontent depuis maintenant plus de six ans et d’apporter un regard professionnel sur le rôle des journalistes en temps de guerre.

Aujourd’hui Secrétaire de l’Association du Journalisme Syrien basée à Paris, Sakher Edris continue de dénoncer les crimes perpétrés dans son pays d’origine grâce à ses articles et à ses activités militantes pour le respect des Droits de l’Homme.

Les élèves se sont montrés sensibles au courage et à la détermination du journaliste comme en témoignent leurs réactions enthousiastes :

«Ce témoignage a répondu concrètement à nos questions sur la Syrie et le journalisme.»

«La liberté de la presse est l’un des piliers de la démocratie. Elle promeut la liberté et la communication.»

«Je pense que la situation des journalistes exilés doit être difficile car ils  »abandonnent » en quelque sorte leur pays et tout ce qu’ils connaissent de celui-ci. De plus, l’intégration dans un nouveau pays est très compliquée : il y a la barrière de la langue et toutes les différences culturelles.»

«La liberté de la presse est très importante dans une démocratie car je pense que c’est à partir de plusieurs opinions différentes qu’il est possible de se forger son avis.»

«Le témoignage de Monsieur Edris m’a appris des choses que je ne savais pas et auxquelles je ne me serais peut-être pas intéressé de moi-même.»

«Les journalistes constituent un contre-pouvoir majeur qui permet d’éviter la dictature.»

«Ce témoignage m’a apporté des informations complémentaires par rapport aux médias français ainsi que le point de vue d’un syrien qui a vécu les événements.»

«Sakher Edris nous a permis de voir le rôle et le métier de journaliste sans filtre , sans que personne n’intervienne entre lui et nous.»

«Merci aux journalistes exilés. On est avec eux, on les soutient car sans informations il n’y a pas d’action, de réaction ou d’évolution.»

Vous pouvez retrouver ici le reportage réalisé par France 3 Auvergne/Rhône Alpes, suite à cette rencontre :


Sakher Edris, journaliste syrien, rencontre des lycéens de Nicolas-Vermelle en Isère – France 3 Auvergne-Rhône-Alpes

Jeudi 16 mars 2017, les élèves du Lycée La Prat’s de Cluny (71), accompagnés de leur professeure documentaliste Christelle Chauvot, ont rencontré le journaliste afghan Bahram Rawshangar dans le cadre de l’opération Renvoyé spécial, organisée pour la Semaine de la Presse et des Médias dans l’École (SPME), édition 2017. 

Bahram RAWSHANGAR et son interprète Yann RICHARD devant les élèves du Lycée La Prat’s de Cluny ©CLEMI Dijon

Cette rencontre fait suite à une préparation assidue des élèves par leurs professeurs qui avait notamment abouti à la réalisation d’une vidéo pour la défense de la liberté de la presse sous la forme d’un  »Mannequin Challenge » à découvrir ici :

À l’occasion de leur rencontre avec le journaliste, une équipe de la chaîne France 3 Bourgogne-Franche-Comté était présente pour filmer cet échange et interroger Bahram Rawshangar qui a répondu à cette interview que vous nous proposons de (re)découvrir ici :

Semaine de la presse à l’école : les lycéens de la Prat’s à Cluny rencontrent un journaliste afghan

Les élèves semblaient ravis à en croire quelques uns de leurs témoignages enthousiastes : 

«J’ai été frappé par la force de l’engagement et le militantisme de ce journaliste. Toute sa vie semble liée à son combat pour les droits et les libertés.»

«Ce que j’ai à dire aux journalistes exilés se résume en un mot : Merci ! Votre engagement et votre combat sont primordiaux. Finalement, vous êtes les moteurs de la liberté.»

«Pour moi, le rôle du journaliste est d’informer du mieux possible sans forcément être neutre.»

«C’est terrible que les journalistes aient besoin de s’exiler à cause de leur travail pour la liberté : il est pourtant d’utilité publique et leur sacrifice est vraiment impressionnant. Heureusement qu’il existe des structures comme la MDJ pour les accueillir.»

«Le rôle premier du journaliste est de faire circuler l’information avant tout. Mais dans un contexte de crise, je crois qu’il doit également affûter l’esprit et tenter de pousser leur société dans la meilleure direction.»

Vous pouvez télécharger le compte-rendu de la rencontre, rédigé par Maëva Martinez, élève de Seconde : ici, ou obtenir l’article qui lui a été consacré par le Journal de Saône et Loire : ici .

Plus d’informations sur cette rencontre sur le site du CLEMI de l’Académie de Dijon et de FR3

 

Vendredi 24 mars 2017, les collaborateurs de l’Agence France Presse (AFP) basée à Paris, les représentants des médias français partenaires et les représentants des associations de soutien à la liberté de la presse dans le monde étaient réunis pour rendre hommage à trois photoreporters syriens, correspondants à Alep, aujourd’hui réfugiés en France. La Maison des journalistes était présente pour féliciter en particulier deux des photo-vidéastes honorés, Zakaria Abdelkafi et Karam Al-Masri, respectivement ancien et actuel résident de la MDJ.

De gauche à droite : Michèle LERIDON, directrice de l’information, Emmanuel HOOG, PDG de l’AFP, les photographes syriens Baraa AL HALABI, Zakaria ABDELKAFI, Karam AL MASRI et  la journaliste Rana MOUSSAOUI ©Camille PEYSSARD-MIQUEAU

Retour en images sur ce moment de reconnaissance, de solidarité interprofessionnelle et d’émotion face aux violences subies par ces professionnels de l’information.

Découvrez le discours de Michèle Leridon, directrice de l’information à l’Agence France Presse :

Retrouvez aussi les interventions de Karam Al Masri, Baraa Al Halabi, Zakaria Abdelkafi et de Francis KOHN, directeur de la photo à l’AFP :

A la fin de cette rencontre, un partenariat privilégié entre l’AFP et la Maison des journalistes à été envisagé.

Toute l’équipe de la Maison des journalistes est heureuse et fière d’accompagner ces combattants pour la liberté d’informer chaque jour dans leur parcours de reconstruction et de réinsertion.

Une partie de l’équipe de la Maison des journalistes aux côtés de la directrice Darline COTHIERE et des photographes syriens @AFP

 

 

Le jeudi 9 mars 2017, la Maison des journalistes a eu le plaisir d’accueillir l’écrivain Jacobo Machover venu présenter son livre « La face cachée du Che ». Remettant en question l’image romantique et idéalisée du Che, l’auteur était accompagné du journaliste cubain en exil, Jesus Zuniga et de l’écrivain et maître de conférences à l’Université Paris-Est, Armando Valdes Zamora.

Jesus ZUNIGA, Jacobo MACHOVER et Armando VALDES ZAMORA
© Lisa Viola Rossi

« Il y a un mythe autour de Che Guevara comme bienfaiteur de l’Humanité – estime Jacobo Machover. Mais la réalité du personnage entre en contradiction avec le mythe. On a tissé un mensonge dès le début de la carrière du Che ». Pour Armando Valdes Zamora, le Che est « l’ombre pesante et désagréable de chaque cubain né après la Révolution ».

Derrière la remise en cause de la figure du « Commandante », c’est tout le régime politique qui est ici discuté. « Tout est absolument contrôlé. Seuls les journalistes étrangers ou indépendants peuvent informer » explique l’auteur. Jesus Zuniga, journaliste exilé en France depuis une dizaine d’années ajoute que « pour survivre dans une dictature, l’adaptation est la clé ».

« Vous savez, beaucoup de personnes analysent le Che mais également Fidel Castro comme des hommes d’Histoire mais ici beaucoup d’entre nous peuvent les identifier comme des briseurs de vie, de nos vies – explique Jacobo Machover. Et de conclure « J’espère que dans un avenir proche, ce livre pourra être connu par les cubains ».

Pour plus d’informations : http://www.armand-colin.com/la-face-cachee-du-che-9782200617684

Il tient un blog via Mediapart et participe à www.justicemorocco.
wordpress.com. Hicham Mansouri, journaliste exilé, est
accompagné par la Maison des journalistes à Paris. Ce descendant
de nomades berbères a dû quitter le Maroc après deux agressions,
dix mois de prison et la menace d’un procès en attente.

Cliquez ici pour télécharger l’article “Au Maroc, il règne une illusion de pluralisme”, rédigé par Denis Perrin, pour Profession Education (mars 2017)