Le 7 novembre 2017 marquait le retour des Rendez-vous de l’Estaminet après trois années d’absence. A l’occasion de cette rentrée était organisé un débat, en collaboration avec l’ESJ-Lille, autour du thème « Journalistes et réfugiés, la double peine », une rencontre animée par Albéric de Gouville, vice-président de la MDJ. Trois résidents et anciens résidents de la Maison des Journaliste se sont réunis autour d’une table de la Maison Bistrot pour en parler : Mandian Sidibe (Guinée Conakry), Elyse Ngabire (Burundi) et Halgurd Samad (Kurde d’Irak).

Ce nouveau Rendez-vous a réuni plus d’une vingtaine d’auditeurs, ancien étudiants de l’ESJ Lille, amis de la Maison des Journalistes et curieux. Les témoignages se sont succédé afin de répondre à deux grandes questions : pour quelle raisons et de quelle manière s’est imposé l’exil dans la vie des journalistes ? Et que signifie aujourd’hui être journaliste en exil et réfugié en France ?

« On peut se reconvertir mais je mourrai journaliste. Ce statut me colle à la peau. » Elyse Ngabire

Pour Elyse Ngabire, ce sujet est particulièrement important. Elle a notamment raconté sa situation actuelle, coincée entre sa vocation journalistique et son incapacité d’en vivre : « en passant de mon pays avec son régime dictatorial à la France, pays des libertés, je voulais continuer à exercer ma plume. Alors je suis devenue journaliste bénévole pour le média pour lequel je travaillais. Si je suis plus journaliste alors à quoi bon fuir mon pays. »

Le journaliste centrafricain Romaric Marciano KENZO CHEMBO, ancien résident de la Maison des journalistes, a rencontré le mardi 7 novembre des jeunes de l’Université de New York à Paris, en présence de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique du Pôle Communication de la MDJ. Accompagnés d’Anna LESNE, professeur d’anthropologie, une vingtaine d’étudiants américains a pu échanger avec M. KENZO CHEMBO.

Le journaliste centrafricain Romaric Marciano KENZO CHEMBO témoigne à l’université de New York à Paris © Margot FELLMANN

Cette rencontre a été l’occasion pour le journaliste de sensibiliser des jeunes étrangers aux problématiques soulevées par l’histoire commune de l’Afrique et de la France, de partager son histoire personnelle et surtout d’expliquer son parcours de professionnel de l’information.

« J’ai fait de mon mieux pour préserver mon travail mais quand j’ai vu que le gouvernement voulait ma tête je n’ai eu d’autre choix que de partir. Rester, c’était mourir et ne plus servir à rien. En exil, je pouvais continuer à lutter. » Romaric Marciano KENZO CHEMBO

La première partie de l’intervention s’est conclue par un message d’espoir et de détermination pour les nombreuses jeunes femmes présentent. Dans un contexte où les violences faites aux femmes sont au-devant de la scène médiatique, M. KENZO CHEMBO a déclaré : « Si vous pouvez faire quelque chose pour la liberté, pour votre liberté et pour la liberté d’expression alors je vous dirai chapeau ! »

La rencontre s’est conclue par les questions des auditeurs. De nombreux thèmes ont été abordés comme les défis d’Internet pour l’Afrique, le choix de l’information et la responsabilité des journalistes, le traitement médiatique de l’actualité africaine en France, …

Pour les étudiants, le témoignage de M. KENZO CHEMBO a apporté son lot de découvertes. « J’ai été très marqué par cette rencontre, je ne connaissais rien sur la Centre Afrique, très peu aussi sur la situation des médias et des journalistes en Afrique » a rapporté l’un d’entre eux, étudiant en agronomie.

Il y a un an, l’Université de New York à Paris recevait Bassel TAWIL, photographe syrien, ancien résident de la Maison des journalistes.

La journaliste Fanny Arlandis a réalisé un reportage sur les journalistes syriens de la Maison des journalistes pour la magazine Télérama, publié le 07 novembre 2017.

Reportage
Le difficile exil des journalistes syriens en France

Zakaria Abdelkafi (31 ans) est un photojournaliste Syrien. Photo © Ed Alcock / Agence Myop 31/10/2017

La Maison des journalistes, à Paris, héberge depuis 2002 des reporters ou photographes du monde entier. Aujourd’hui, parmi ces réfugiés, on trouve beaucoup plus de Syriens que toute autre nationalité. Mais, entre difficultés administratives et barrière de la langue, se faire une place en France est pour eux une gageure.

« Je ne voulais mourir ni en Syrie ni en Turquie. » Dans un café parisien du 15e arrondissement, Rowaida Kanaan, journaliste pour Radio Rozana, raconte ses dix mois de détention dans la prison d’Adra, près de Damas, en 2013. Puis les trois ans qu’elle a vécus à Gaziantep, en Turquie, la peur au ventre. « Même là-bas les Syriens ne sont pas à l’abri. »

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Dans le cadre du programme Renvoyé Spécial, la Maison des journalistes continue son partenariat avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse, avec le soutien du Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture et de la Communication.

Cette année, la rentrée académique est marquée par un nouveau partenariat spécifique avec la Direction Territoriale PJJ Val d’Oise, avec le soutien de madame Odile VILLARD, référente laïcité citoyenneté de la PJJ Val d’Oise. Entre août et novembre, trois groupes de jeunes et de professionnels de la PJJ d’Arnouville ont été accueillis pour une visite à la MDJ, . Une délégation de la MDJ a d’ailleurs été accueillie à l’occasion de la 3e édition  de « La PJJ ouvre ses portes » qui a eu lieu le lundi 16 octobre pour découvrir les locaux, le fonctionnement et le personnel de l’Etablissement de Placement et d’Insertion de Villiers le Bel.

Le jeudi 24 août, des jeunes et de professionnels ont pu rencontrer et échanger avec le journaliste et vlogueur syrien Raafat ALGHANEM et B. G., journaliste turc. Ce dernier a également participé à la deuxième rencontre du jeudi 26 octobre. Avec le présentateur radio guinéen Mandian SIDIBE, ils ont en captivé l’attention d’une dizaine de jeunes. Ce groupe, à travers ces témoignages, a pu prendre conscience de l’importance de la séparation des pouvoirs. « Hier encore nous avons étudié le système judiciaire français », a déclaré Majda BEN-AMRANE, éducatrice PJJ impliquée dans le projet. « Ils découvrent aujourd’hui qu’un juge ou la police ne sont pas indépendants dans tous les pays. »

Enfin, le vendredi 3 novembre, suite à une nouvelle visite des locaux de la MDJ et de l’exposition de Cartooning For Peace, guidée par Lisa Viola ROSSI, chargée de la Communication et de la Sensibilisation et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique du Pôle Communication de la MDJ, un troisième groupe de jeunes et de professionnel venu d’Arnouville a pu échanger avec M. K., journaliste rwandaise. Pour elle, cacher son identité est une nécessité, « je suis heureuse de pouvoir être une anonyme, ici dans les rues de Paris » a-t-elle expliquée. Une manière pour les jeunes de réaliser ce que peut impliquer concrètement l’exil. Cette visite s’est conclue avec Abdessamad AIT AICHA, journaliste citoyen marocain. « Le journalisme citoyen est un phénomène très récent au Maroc, ça n’existe vraiment que depuis deux ou trois ans », a-t-il expliqué tout en incitant ses auditeurs à se saisir de leur rôle de citoyens et à questionner l’information, notamment sur les réseaux sociaux.

« Je suis très touchée par votre action – a commenté une jeune fille placée sous protection judiciaire – et les témoignages de ces journalistes. Je suis choquée d’apprendre les conditions des lieux d’enfermement, c’est barbare ! Je n’imaginais pas la facilité de mise en détention dans certains pays. J’ai compris que l’action des journalistes de la MDJ est très utile. Ils ont tous mes encouragements et mon respect ! »

Renvoyé Spécial PJJ, c’est quoi ?

Renvoyé Spécial PJJ émane du programme historique de la Maison des journalistes, Renvoyé Spécial. Les objectifs sont d’aider les jeunes à décrypter les sources d’informations, à mieux s’informer, ainsi qu’à les amener à s’ouvrir aux médias, à d’autres mondes, d’autres pays et bien à être conscientes de l’importance de la liberté de la presse et d’expression, ainsi que des valeurs du vivre ensemble. Au cours de leur visite, les jeunes adolescents accompagnés des professionnels PJJ sont donc amenés à découvrir l’association, puis à parcourir l’exposition « Dessins pour la paix » créée en partenariat avec Cartooning for peace. Enfin, les jeunes retrouvent des professionnels des médias résidents et anciens résidents à la MDJ pour un temps d’échange. Les éducateurs ont également à leur disposition un kit pédagogique qui leur permet de prolonger la réflexion avec les jeunes.

 

Pour en savoir plus sur le projet, contactez-nous :

Lisa Viola ROSSI : 01 40 60 04 06  projet.pjj@maisondesjournalistes.org

La Maison des journalistes, en collaboration avec l’ESJ-Lille, proposent de vous retrouver le mardi 7 novembre autour du thème : « Journalistes et réfugiés, la double peine ». Cette rencontre vient marquer la rentrée des Rendez-Vous de l’Estaminet, des soirées de réflexion autour de problèmes liés à la profession journalistique. Durant cette rencontre, animée par Albéric de Gouville, vice-président de la MDJ, quatre intervenants de la MDJ partageront leurs regards et échangeront sur cette thématique : Mandian Sidibe (Guinée Conakry), Marie-Angélique Ingabire (Rwanda), Elyse Ngabire (Burundi) et Halgurd Samad (Kurde d’Irak).

Le rendez-vous est fixé à partir de 19h30 dans la salle de réunion de la Maison Bistrot, 65 boulevard de la Villette à Paris (métro Colonel Fabien).

À cette occasion, une boisson sera offerte aux adhérents à jour de leurs cotisations et une autre pour tout don à la Bourse Fontaine effectué ce jour-là et supérieur à trente euros (à noter que 66% de votre don est déductible de vos impôts).

Pour la troisième année consécutive, la MDJ s’est rendue au plus grand des musées d’art du monde, le Louvre.

Mercredi 25 octobre, une délégation de journalistes exilés d’Algérie, Turquie, Guinée Conakry, Syrie, Afghanistan, Iran, accompagnée de la responsable du Service Culture de la MDJ, Lisa Viola ROSSI et de la volontaire en Service Civique au sein du Pole Communication, Margot FELLMANN, s’est rendue au Palais du Louvre. Rendez-vous en début d’après-midi entre la pyramide et l’Arc de Triomphe du Carrousel pour entreprendre un parcours guidé à la découverte de la Joconde du génie italien Léonard de Vinci bien sûr, mais aussi d’autres œuvres marquantes de l’Histoire de l’art en France : la Liberté guidant le Peuple de Delacroix, le Radeau de la Méduse de Géricault ou encore Le Sacre de Napoléon de David. Ces chef-d’œuvre ont ensuite laissé place aux merveilles de la statuaire grecque antique et ses mystères: pour en mentionner deux exemples, la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo. La dernière étape de la journée au Louvre a été dédiée à la nouvelle section du musée au sein de la cour Visconti, aménagée depuis peu pour accueillir la collection d’arts de l’islam rassemblant plus de 2500 œuvres.

Cette visite s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires – notamment des institutions culturelles de Paris et d’Île de France – développé depuis quelques années par le Service Culture de la MDJ.

Pour plus d’information sur les activités du Service Culture de la MDJ, consultez lAGENDA CULTUREL 2017 ou contactez-nous par mail : evenement@maisondesjournalistes.org