Le 9 janvier 2018 s’est tenu le vernissage de l’exposition collective Waiting – Une réflexion sur l’attente entre les murs de la mairie du 10e arrondissement de Paris. Plus d’une centaine de personnes se sont réunies pour cet événement auquel ont aussi participé plusieurs journalistes de la Maison des journalistes. Treize professionnels des médias, résidents et anciens résidents de la MDJ, exposent ici leurs œuvres au public, fruit de leur réflexion sur ce que le sentiment d’attente provoque en eux. Des retours très positifs de la part des visiteurs nombreux ont été reçus.

Madame la maire Alexandra CORDEBARD s’est dite ravie d’accueillir la MDJ et de participer à la mise en lumière de ce projet. Elle a souligné les enjeux de la mixité sociale et de l’immigration que permet d’aborder cette exposition. Elle était accompagnée de messieurs Rémi FERAUD, sénateur de Paris et ancien maire du 10e arrondissement, Eric ALGRAIN, adjoint de la maire chargé de la culture ainsi que Stéphane BRIBARD, également adjoint à la maire et membre du conseil d’administration de la MDJ.

Madame Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, a également remercié la Mairie du 10e arrondissement pour l’accueil et la production de cette exposition qui permet de donner une autre résonance, celle de l’expression artistique, au message de l’association. Elle était également accompagnée de messieurs Christian AUBOYNEAU, président, et Alberic DE GOUVILLE, vice-président de la MDJ.

Les journalistes Mortaza BEHBOUDI et Beraat GOKKUS ont clôturé le temps des discours en remerciant toutes les personnes qui ont permis la réalisation de ce projet et plus particulièrement Cécile HAMBYE, coordinatrice de l’exposition.

De G. à D. Eric ALGRAIN, adjoint à la maire chargé de la culture, Rémi FERAUD, sénateur de Paris, Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Alexandra DORDEBARD, maire du 10e arrondissement de Paris, Stéphane BRIBARD, adjoint à la maire et membre du CA de la MDJ, Beraat GOKKUS, journaliste turc, et Mortaza BEHBOUDI, journaliste afghan. Photo © Margot FELLMANN

 

Waiting – Une réflexion sur l’attente est visible à la mairie du 10e arrondissement de Paris jusqu’au 26 janvier.

Prochain rendez-vous, le 12 janvier à 19h pour une soirée débat (salle des fêtes de la Mairie).

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Le média en ligne de la Maison des journalistes propose une série d’interviews avec les journalistes exposants, à lire ici.

 

Le vernissage de l’exposition en images :

 

 

WAITING

Une réflexion sur l’attente

Une exposition collective présentée par la Maison des Journalistes en partenariat avec la Mairie du 10e.

Avec :

Abdelmoneim Rahamtalla, Abdulrazak ALJUMAA, Ahmad AL GABR, B., Beraat Gokkus, Celil Sagir, Hicham MANSOURI, Kubra Khademi, Larbi Graïne, M., Mariam MANA, Mortaza BEHBOUDI, Rahima NOORI, Shiyar KHALEAL

Eté 2016, dans le bureau de l’assistante sociale de la Maison des Journalistes, un journaliste exilé s’interroge sur le sens de l’attente. Il cite «En attendant Godot».

La référence à cette œuvre de l’absurde sera le point de départ du projet «Waiting» réunissant une dizaine de participants, tous journalistes exilés.

Tous ont été menacés dans leur pays, certains emprisonnés, pour avoir voulu exercer leur métier librement.

Tous ont trouvé refuge en France, plus précisément au sein de la Maison des Journalistes, seule structure au monde dédiée spécifiquement à l’accompagnement et l’hébergement de journalistes exilés.

Forcés à prendre les chemins de l’exil, le temps s’est figé pour ces professionnels de l’information. Le voyage immobile qu’ils ont entamé à travers l’incertitude du lendemain leur semble interminable. En attente de papiers, d’un statut, d’un titre, d’entretiens, de nouvelles de la famille ou d’informer à nouveau… La liste est longue de tout ce que l’exil a mis entre parenthèse.

Et lorsque l’espoir se consume et que l’attente semble vaine, comme dans la célèbre pièce de Samuel Beckett, elle n’en devient que plus absurde.

Parce qu’ils ont dénoncé par la plume ou l’objectif de la caméra des situations intolérables chez eux, leur vie a été mise en péril pour s’être exprimés librement.

Dire à nouveau, pour des journalistes qui ont subi la censure à cause des mots qu’ils ont osé prononcer, n’est pas anodin. Prendre la parole, le temps de ce projet, pour combattre l’immobilité du temps. Là-bas, le journaliste s’est exposé aux représailles, en s’exposant ici il transforme l’attente en espoir d’être entendu à nouveau.

La puissance d’un dessin ou l’impact d’un court-métrage en disent long sur les séquelles de l’exil et des temps morts qui se sont accumulés. Ce temps qui leur échappe alors qu’eux-mêmes ont dû fuir les représailles. L’exposition « Waiting » se veut l’occasion de réfléchir ensemble sur le sens de cette attente à travers les productions créées par les journalistes.

Autour de l’exposition

9 janvier à 19h : Vernissage de l’exposition en présence d’Alexandra Cordebard, maire du 10ème arr., Eric Algrain, maire adjoint chargé de la Culture et des Affaires scolaires, de Christian Auboyneau, président de la Maison des journalistes et de Darline Cothière, directrice.

12 janvier à 19h :  Soirée – Débat (salle des fêtes de la Mairie)

Les participants

Les journalistes exilés ont (ou espèrent avoir) trouvé refuge en France. La plupart sont en attente d’obtenir le statut de réfugié et l’asile en France. D’autres ont reçu ce statut mais attendent un titre de séjour, un titre de voyage, l’arrivée de la famille…

Parmi les participants, outre leur carrière de journaliste menée au pays, il sont aussi poètes, vidéastes, peintres, dessinateurs, photographes, par envie ou par nécessité, quand on a essayé de les faire taire en leur retirant le stylo, ils ont alors pris le pinceau.

Des hommes et des femmes venus de tous ces coins de la planète où la liberté de la presse est constamment menacée.

Chacun avec une histoire individuelle propre mais tous mêlant rébellion et courage tout au long de leur parcours d’activiste.

Remerciements

La Mairie de Paris pour son accueil et la production de l’exposition ainsi que tous les journalistes qui y ont collaboré de près ou de loin. Hicham Mansouri, Ziad Attalah et Josiane Kosseifi Matta pour les traductions, Tijani Lemrabott pour l’image, Hassanein Khazaal pour le montage, l’association Tribudom pour le prêt de matériel vidéo, Aurore Nerrinck et Manon Cerrini pour avoir relevé le challenge de la curation de ce projet.

Commissaires : Aurore Nerrinck et Manon Cerrini

Coordination : Cécile Hambye

Contact : waitingmdj@gmail.com

 

Hicham MANSOURI, journaliste marocain en exil et résident à la MDJ, a répondu aux questions d’Aline NOËL pour le mensuel Profession Education du Sgen-CFDT (n. 257 – Novembre 2017), syndicat de l’éducation nationale partenaire de la MDJ.

Hicham Mansouri
« Le citoyen a une arme dans sa poche : le smartphone »

Photo © Mathilde Errard

Dans les pays en guerre ou sous régime autoritaire, un journalisme dit citoyen émerge grâce aux nouvelles technologies. Journaliste d’investigation, Hicham Mansouri a contribué à former des concitoyens à l’utilisation de l’application StoryMaker, ce qui a nourri l’accusation portée contre lui par les autorités marocaines d' »atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».

L’article complet est à lire ICI

Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris, dans le 4e arrondissement. Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, il a rencontré les élèves de seconde de la classe média, leurs professeurs madame Marie-Lyse DUBOIS et monsieur François BLANZAT, ainsi que monsieur Christophe HESPEL, proviseur de l’établissement. Halgurd SAMAD était accompagné par Lisa Viola ROSSI, chargée de Communication et Sensibilisation et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique de la MDJ. Enfin, Marianne ACQUAVIVA, coordinatrice du CLEMI de Paris, a également assisté à la rencontre.*

Le mardi 19 décembre 2017, le journaliste kurde irakien en exil, Halgurd SAMAD est intervenu au lycée Charlemagne de Paris Photo © MDJ

Les 35 élèves présents forment la classe média du lycée Charlemagne. C’est la première année que l’établissement se lance dans ce projet éducatif qui consiste en un travail tout au long de l’année sur la liberté d’expression, mais aussi l’utilisation d’un blog, les devoirs et obligations mais aussi la mise en place d’un blog. L’opération Renvoyé Spécial s’inscrit donc totalement dans ce programme.

La rencontre a commencé par quelques d’accueil préparé par les élèves : « Bonjour monsieur et bienvenue dans la classe média du lycée Charlemagne. Nous vous remercions de nous accorder une partie de votre temps pour nous expliquer la situation dans votre région au travers de votre expérience personnelle. Nous avons des questions à vous poser qui concernent votre vie actuelle et passée, ainsi que sur la situation du Kurdistan, qui paraît bien complexe, vue de France. C’est donc avec plaisir que nous vous cédons la parole maintenant. »

Halgurd SAMAD a donc d’abord pu expliquer son parcours de professionnel de l’information et les raisons de son exil. Il a ensuite présenté la situation géopolitique très complexe du Kurdistan. Cette question notamment avait été préparée par les professeurs, comme le précise monsieur BLANZAT : « Pour la venue de monsieur SAMAD, nous avons étudié le Kurdistan irakien ». Monsieur SAMAD a ainsi pu exprimer son avis à un public averti : « Je ne suis pas très optimiste pour le futur du Kurdistan », a-t-il concédé.

A la question de la définition de la liberté de la presse, monsieur SAMAD a déclaré : « La presse libre, c’est parler de tous les sujets sans limite, si ce n’est celle de la vie privée qu’il faut absolument respecter ».

La rencontre s’est conclue après deux heures d’échanges. Les professeurs ont également offert deux livres à monsieur SAMAD : un recueil de reportages et de romans de Joseph KESSEL et « Le silence de la mer » de Vercors parce que « résister ce n’est pas seulement saboter c’est aussi parler » a raconté monsieur BLANZAT.

 

Les élèves ont alors été sollicités pour exprimer leurs avis à chaud. En voici quelques-uns :

« J’ai beaucoup appris sur la situation du Kurdistan irakien, sur le journalisme en général et sur la vie terrible et passionnante de monsieur SAMAD. »

« Ce qui m’a frappé est que monsieur SAMAD a vécu une vie terrible juste parce qu’il écrivait des articles qui ne plaisaient pas au gouvernement. »

« Cela doit être très difficile de devoir quitter son pays pour avoir dit ce qu’on pense. »

« Le témoignage de Halgurd SAMAD m’a permis de réaliser que tous les pays ne sont pas du tout égaux face à la liberté d’expression. »

« Monsieur SAMAD a répondu à toutes les questions que je me posais. »

« Je pense que les journalistes en exil ont beaucoup de courage pour continuer leur métier dans de telles conditions. »

« La violence des attaques subies par Halgurd SAMAD et la fragilité de la liberté d’expression m’ont frappé. »

 

Revue de presse : 

 

 

 

 

La journaliste rwandaise en exil Maria KUANDIKA (pseudonyme) a été accueillie mardi 19 décembre 2017 au lycée Bernard Palissy de Saint-Léonard-de-Noblat (87) dans l’académie de Limoges. Elle a échangé avec une cinquantaine d’élèves de seconde et de première accompagné de leur professeure madame Marie-Aude CHARRET et du provinseur monsieur Olivier GUIMBAUD.

La journaliste rwandaise Maria KUANDIKA au lycée Bernard PALISSY le 19 décembre 2017 Photo © Bernard LEFEVRE | Le populaire du Centre

Maria KUANDIKA a notamment pu sensibiliser les élèves à la situation de la liberté de la presse dans le monde et dans son pays, le Rwanda. A travers l’exemple de ses reportages auprès d’une ethnie oubliée du Rwanda, les lycéens ont appris l’importance du travail journalistique comme un porte-voix des minorités et comme un pouvoir capable de déranger les instituons politiques en place. Pour madame KUANDIKA, « il est important de se battre pour ses idées. Il faut garder l’espoir que les choses s’améliorent ».

 

 

Les élèves ont pu partager leur ressenti à la suite de cette rencontre. Voici quelques-uns des commentaires recueillis :

« Courage ! Ne vous laissez pas faire, prenez les devants et allez vous exprimer dans un pays où vous ne serez pas poursuivis ! Merci pour ce témoignage ! »

« Aujourd’hui, les journalistes sont d’une grande aide pour les gens qui veulent ou ne peuvent pas s’exprimer. Ils peuvent parfois beaucoup changer les choses. »

 » Continuer à dénoncer, car cela ne sert pas à rien. »

« L’écart qu’il y a entre la ville et la campagne au Rwanda est frappant. Les maladies et la malnutrition des enfants et des adultes aussi. »

« C’est incroyable que des personnes voulant faire avancer leur pays ou aider des gens soient obligés de quitter leur pays. »

« C’est un témoignage sincère qui nous montre ce que les journalistes vivent vraiment en exerçant leur métier. »

« J’ai été frappé et ému par la façon dont Maria KUANDIKA parle de ce qui lui est arrivé. Elle n’est pas gênée, j’ai aimé qu’elle partage cela sans tabou, ce qui ne doit pas être facile à faire. »

 

Revue de presse :

Menacée de mort, une journaliste rwandaise est venue témoigner de son exil aux lycéens de Saint-Léonard-de-Noblat, par Driss CHAÏT, Le populaire du Centre, 21/12/2017

 

Le lundi 18 décembre 2017, le journaliste syrien Sakher EDRIS a été accuielli au lycée Gustave Monod d’Enghien-les-Bains dans l’Académie de Versailles. Il était accompagné de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique à la Maison des journalistes. Monsieur Romain CORMARY, professeur d’anglais, a réuni les élèves de terminale S, ES et L en section européenne pour une rencontre en anglais sur le thème de la liberté de la presse. Cette rencontre marque le lancement de l’opération Renvoyé Spécial édition 2017/2018. 

Lundi 18 décembre 2017, le journaliste syrien Sakher EDRIS devant les jeunes du lycée Gustave Monod d’Enghien-les-Bains Photo © Margot FELLMANN

Sakher EDRIS a été accueilli par environ 75 élèves, ainsi que par plusieurs professeurs et le proviseur du lycée, monsieur Philippe BONNEVILLE. La rencontre s’est déroulée en anglais. L’établissement a par ailleurs été le premier en Île-de-France à proposer la délivrance simultanée du baccalauréat et de son équivalent allemand, l’Abitur (filière Abibac) en 1998.

Monsieur EDRIS a d’abord abordé la question difficile de la liberté d’expression en Syrie,  puis sa carrière de journaliste et des causes de son exil. L’essentiel de l’échange s’est ensuite construit autour des nombreuses questions des élèves. « Je veux répondre à toutes leur interrogations. Je lutte pour la liberté d’expression, je ne peux pas refuser de répondre. S’ils demandent, c’est qu’ils veulent savoir. » Parmi ces questions, beaucoup d’interventions se sont concentrées sur la situation géopolitique de la Syrie. Le sujet complexe avait été préparé avec leur professeur ce qui a permis d’aborder des points plus complexes ou sensibles. A l’image de ce jeune, très touché par la situation actuelle : « J’ai beaucoup pensé au conflit syrien. J’en ai parlé avec ma famille et avec mes amis. Malgré cela, personne n’imagine comment nous pourrions sortir de ce conflit. Si vous étiez au pouvoir que feriez-vous ? »

Photo © Margot FELLMANN

Pour mieux faire comprendre, comparer et s’identifier sont souvent des outils efficaces. « Depuis 1970, combien la France a-t-elle eu de présidents ? » Les élèves nomment et comptent : « Pompidou, Mitterrand, Giscard d’Estaing… 7! » Sakher EDRIS peut alors faire un parallèle avec la situation syrienne et explique : « C’est ce que nous voulons. Nous voulons ce que vous avez : une démocratie. » La Syrie a été gouvernée par la famille AL ASSAD pendant toute cette période. Mais monsieur EDRIS a également partagé son espoir de voir les choses changer. « Ce changement nous coûte beaucoup, et il coûte aussi le sang des civils ».

A propos de son engagement journalistique, Sakher EDRIS précise : « Si je ne dois retenir qu’une seule chose de mon expérience professionnelle, c’est qu’il faut toujours dire la vérité. Les gens ont perdu confiance en les médias. C’est d’autant plus important : lorsqu’on s’engage comme journaliste, on s’engage pour la vérité. »

Enfin, Monsieur CORMARY, professeur référent de l’action Renvoyé Spécial au sein de son établissement, a demandé aux élèves de travailler à des présentations multimédias qui seront montrées à d’autres classes de l’établissement afin de partager le témoignage de Sakher EDRIS au plus grand nombre.

A l’issue de la rencontre, les lycéens ont pu exprimer leurs avis :

« La liberté de presse est importante car elle permet à chacun de pouvoir s’exprimer sur ses opinions en toute liberté. de plus, elle permet de discuter et de voir plusieurs points de vue sur les problèmes. »

« J’ai trouvé intéressant d’avoir un point de vue intérieur au conflit syrien. »

« Le témoignage de Sakher EDRIS est utile car c’est un point de vue qu’aucun média n’est capable de donner. »

« Je suis surprise par la place de la France dans le classement de la liberté de la presse de RSF, la France n’est que 39e ! »

« Les journalistes exilés sont des gens extrêmement courageux qui ont une situation très compliquée, et malgré cela ils continuent d’espérer que la situation dans leur pays s’améliorera. »

« La violence a laquelle les journalistes doivent faire face les journalistes dans certains pays m’a frappé. »

« C’est choquant et navrant qu’aujourd’hui, après toutes les évolutions technologiques, certaines consciences n’ont pas fait de même. »

« Je veux dire aux journalistes en exil : gardez courage car c’est souvent la voix de ceux que l’on de peux pas entendre qui est la plus importante. »

 

Suite à Renvoyé Spécial, les élèves ont réalisé une exposition afin de partager leur expérience avec les autres jeunes de l’établissement. Le tour en images du travail proposé :