Abdessamad AÏT AÏCHA, journaliste marocain en exil, était l’invité du  lycée professionnel Les Palmiers le vendredi 23 mars. Dans le cardre de l’opération Renvoyé Spécial et à l’occasion de Semaine de la Presse et des Médias dans l’École® 2018, il a témoigné de son parcours de professionnel de l’information exilé en France.

Le même jour, Abdessamad AIT AICHA a participé à une seconde rencontre, au lycée Parc Impérial de Nice.

Devant une vingtaine d’élèves en seconde Bac Pro Métiers de la Mode, le journaliste a raconté son histoire et les raisons pour lesquelles il vit aujourd’hui à la MDJ. Il a été rédacteur en chef du très consulté site Ouarzazate online et coordinateur local de l’ONG Free Press Unlimited. Il est aussi membre de l’Association Marocaine pour le Journalisme d’Investigation (AMJI). De 2009 à 2014, il coordonne le département Formation pour le Centre Ibn Rochd d’études et de communication qui vise à former les journalistes professionnels marocains aux techniques d’investigation notamment par le biais des nouvelles technologies et de l’application StoryMaker.

Convaincu du rôle essentiel que joue internet dans une démocratie aujourd’hui, son témoignage met un accent particulier sur le rôle de citoyen que doit prendre chaque jeune lorsqu’il utilise les réseaux sociaux. Avec leur téléphone portable, ils ont une chance de s’exprimer que beaucoup de pays tentent de contrôler.

Les réactions des élèves après la rencontre

« Les journalistes doivent informer le monde de ce qu’il se passe et dire la vérité sans déformer ni mentir. »

« J’ai été marqué par la sincérité et les valeurs de l’intervenant. »

« La situation des journalistes en exil est horrible, ça ne devrait pas se passer comme ça. Ils ne devraient pas être enfermés pour avoir exprimé leurs points de vue. »

« Ce qui m’a frappé c’est qu’Abdessamad AIT AICHA n’a pas pu voir sa famille pendant 2 ans. »

 

Mercredi 21 mars 2018, un journaliste turc en exil, hébergé à la Maison des journalistes, a rencontré des élèves du lycée Louise Michel de Champigny-Sur-Marne, dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial et de la 29ème Semaine de la presse et des médias dans l’école®.

Accompagné de Clara LE QUELLEC, bénévole à la MDJ, le professionnel de l’information a témoigné de son parcours devant 80 lycéens de 1ère ES et STL et de plusieurs professeurs dont madame Isabelle GERARD, documentaliste, qui a coordonné pour le lycée cet événement. Pendant plus d’une heure, le journaliste turc, qui a souhaité garder l’anonymat, a livré un témoignage saisissant sur son histoire, l’épreuve indicible de l’exil, l’attente et sa reconstruction en France. S’il se considère chanceux d’avoir pu se réfugier dans l’Hexagone, ce fervent défenseur de la liberté d’expression n’oublie pas pour autant ses collègues emprisonnés, victimes de la grande purge lancée par le régime d’Erdogan après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016.

Les jeunes lycéens ont pu, grâce à ce témoignage, aborder plus en détail la situation de la Turquie et particulièrement celle de la liberté de la presse dans ce pays, considéré actuellement comme la plus grande prison du monde pour les journalistes. La rencontre a fait forte impression auprès des élèves. Un long temps d’échange, de presque une heure, a permis ensuite aux jeunes de poser de nombreuses questions au journaliste.

Que retiennent les lycéens de cette rencontre ?

« Courage, détermination, et surtout, sachez qu’avec une plume et une famille, on peut changer le monde. Non, ce n’est pas un mythe, c’est réel. on est avec vous : vivez votre plume! »

« Ce qui m’a le plus frappé dans ce témoignage, c’est son courage et sa capacité d’adaptation face à la situation. Mais aussi, à quel point l’homme en général peut faire preuve d’intelligence et de cruauté face aux autres afin d’acquérir du pouvoir. »

« Les journalistes exilés ont une vie très compliquée : ils doivent se cacher et passent leur temps à survivre. Je trouve ça irréaliste en 2018. »

« Je trouve que cette situation est inconfortable car il est inadmissible de devoir se cacher, de ne pas pouvoir appeler ses proches par peur que les services secrets l’attrapent, et de vivre avec la peur de se faire attraper tous les jours. »

« Je suis frappée par le fait que des personnes soient emprisonnées, torturées ou obligées de fuir seulement parce qu’elles ont eu des idées différentes. »

« Je ne savais pas comment était la situation en Turquie et cela m’a permis de comprendre la situation politique là-bas. »

« Ce témoignage m’aide à réaliser ce qu’il se passe dans d’autres pays. Ce ne sont plus des chiffres, mais des témoignages qui nous touchent. »

« La démocratie est importante pour que la population puisse accéder à des informations et ne pas être embrigadée dans une politique autoritaire où la presse n’est pas libre mais au contraire doit publié ce que l’Etat veut. »

Revue de presse

94citoyens.com, « Un journaliste turc raconte son exil aux lycéens de Louise Michel à Champigny », publié le 21 mars par Pierre H. 

Ci-dessous le programme de l’opération Renvoyé Spécial Mairie de Paris-Club de prévention du 11ème et du 12ème mis en place à partir d’avril 2018 chez l’association Olga Spitzer (35 Rue de la Folie-Regnault, 75011 Paris) dans le cadre du projet d’éducation à l’image et à la critique mené par la Mairie de Paris (Circonscription 11ème et 12ème arrondissements – DPSP Education à la critique et à l’image, prévention de la radicalisation), en collaboration avec ABC insertion.

  • Mercredi 4 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème : Une arme dans votre poche (smartphone) – Rencontre-Atelier avec Hicham MANSOURI, journaliste-bloguer marocain en exil
  • Lundi 23 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème : 1 000 000 vues brisent les frontières – Rencontre-Atelier avec Makaila NGUEBLA, journaliste-bloguer tchadien en exil
  • Mercredi 25 avril (16h-19h), Rencontre RS Mairie de Paris-Clubs de prévention du 11ème et du 12ème (rencontre à la MDJ) : « Un « Prison Break » journalistique – Rencontre-Atelier avec B.G., réalisateur-journaliste turc en exil

Sakher EDRIS, journaliste syrien en exil, s’est rendu à Calais le mercredi 21 mars pour y rencontrer les élèves du lycée Léonard de Vinci. Grâce au programme Renvoyé Spécial Pas-de-Calais, il a partager son histoire et son engagement de la liberté de la presse avec deux classes de Première S et ES.

Cette rencontre s’inscrit dans la Semaine de la Presse et des Médias dans l’École® 2018 et est organisée dans le cadre de RS Pas-de-Calais avec le soutien de la DILCRAH (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT).

Photo © Lycée Léonard de Vinci

Le parcours de vie et professionnel de Sakher EDRIS, exilé en France depuis plusieurs années,  permet de mettre en lumière la situation des droits de l’homme en Syrie ainsi que dans les pays du Moyen-Orient. Fils et neveu d’opposants politiques syriens, le journaliste a travaillé pour plusieurs médias télévisés renommés dont ceux des chaînes Dubai Tv et Al Arabyia News. Il a aussi produit des émissions politiques et sociétales dont certaines récompensées. Il est aussi l’auteur de reportages d’investigations qui ont connu de forts retentissements, ainsi que d’articles satiriques. Depuis deux ans, Sakher EDRIS est secrétaire général de l’association des Journalistes Syriens ce qui lui permet de prolonger son engagement dans l’exil.

Après avoir occupé le micro pour cette première partie, Sakher EDRIS a ensuite reçu les questions des jeunes pour un temps d’échange. « Avez-vous l’impression de n’appartenir à aucun pays du fait de vos exils répétés ? Comment vivez-vous le fait de vivre loin de votre famille ? Si le conflit en Syrie se terminait, envisageriez-vous d’y retourner ? Pensez-vous que la situation va s’améliorer ? »

Retour en images sur la rencontre

Les réaction des élèves

« On entend beaucoup parler de la Syrie dans les différents médias, mais de là à avoir sous les yeux une preuve vivante de ce conflit, qui a fui son pays en guerre : c’est assez extraordinaire. On en voit pas ça tous les jours. »

« Ce qui m’a frappé dans ce témoignage, c’est le dévouement de Sakher EDRIS envers son devoir d’apporter l’information. »

« Je peux comprendre les journalistes en exil car la vie est très difficile en Syrie. De plus, il n’y a pas de vraie démocratie, et cela engendre de nombreux problèmes. »

« Dans ce témoignage, c’est la condition des Syriens ce qui m’a le plus marquée. Le fait qu’ils n’aient aucune liberté, justice, sécurité… me parait horrible. »

« Le journaliste nous apprend des choses tous les jours sur les actualités locales ou internationales. C’est la porte d’entrée vers les informations du monde. »

« Les journalistes en exil ont une certaine forme de courage car ils partent de leur pays, quittent leurs familles afin de pratiquer leur profession et d’informer le monde. »

Revue de presse

La Voix du Nord, « Sakher Edris, journaliste syrien, a rencontré deux classes de lycéens », publié le 23 mars

Lycée Léonard de Vinci (Calais), « Venue de M. Sahker EDRIS journaliste syrien en exil », publié le 27 mars par Guislain LEROY

Le mardi 20 mars 2018, Nazeeha SAEED, journaliste bahreïnie en exil, est intervenue au lycée Daniel Balavoine de Bois Colombes dans l’académie de Versaille. Accompagnée de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique de la MDJ, elle participait ainsi à la Semaine de la Presse et des Médias dans l’école, un événement national qui vise à sensibiliser les jeunes aux questions de la liberté d’expression et du pouvoir des médias. Cette rencontre est également organisée en partenariat avec la Ville de Paris.

Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, Nazeeha SAEED a témoigné de son parcours de journaliste exilé auprès d’une trentaine de lycéens de première Bac professionnel. Après un accueil chaleureux de la part de l’équipe enseignante et de monsieur le proviseur CAILLAT, elle a présenté aux jeunes son pays, le Bahreïn, parlé de la situation de la liberté d’expression mais aussi partagé son histoire personnelle.

Nazeeha SAEED a travaillé pendant douze ans dans son pays, comme correspondante pour Monte Carlo Doualiya (MCD) et France 24. À la suite de sa couverture de manifestations pro-démocratiques en mai 2011, Nazeeha SAEED a été torturée et a porté plainte contre la police. Premier cas de torture à avoir fait l’objet d’une enquête judiciaire au Bahreïn, cette dernière n’a pas abouti. Elle faisait partie des 5 journalistes bahreïnis basés dans leur pays, travaillant pour des médias étrangers qui se sont vus refuser le renouvellement de leur carte de presse en 2016, les privant ainsi de l’exercice de leur profession. Ayant quitté le Bahreïn après la levée de son interdiction de voyager en juillet 2016, elle a trouvé refuge en France.

Aujourd’hui, Nazeeha SAEED est la quatrième lauréate ICORN (International Cities of Refuge Network) accueillie par la Ville de Paris, membre de ce réseau depuis 2011.

 

Le temps de l’échange pour mieux comprendre

Les lycéens ont ensuite été invités à poser leur question, un exercice auquel les professeurs ont aussi participé. Ils ont notamment été interpellés par la force de son engagement. « Pensiez-vous que vous prendriez autant de risque en devenant journaliste ? » a demandé l’un d’eux. Nazeeha SAEED a choisi de répondre en toute franchise : « Non, jamais ! » avant de préciser  qu’elle pensait mener une carrière tranquille, devenir rédactrice en chef, acquérir une certaine notoriété. Mais avec le temps, elle a compris qu’elle voulait « donner une voix à ceux qui n’en avait pas » et que cela impliquait une prise de risque qu’elle était prête à prendre.

Les auditeurs ont aussi été curieux du ressenti de la journaliste, de la manière dont elle vit la séparation avec sa famille et de ses espoirs pour l’avenir de son pays et le sien. « Malgré tout ce que vous avez vécu, avez vous un beau souvenir professionnel que vous voudriez partager avec nous ? » « Heureusement, a-t-elle répondu. J’ai beaucoup de souvenirs heureux. En particulier quand mon travail a eu un véritable impact sur la vie des gens. Et bien sûr, j’ai beaucoup de moments mémorables dans ma vie privée.

 

La classe a été invitée à répondre à quelques questions à la fin de la rencontre. Extraits.

« C’est misérable de faire du mal aux gens pour leurs opinions. »

« Les journalistes sont courageux. C’est bien ce qu’ils font : ils se battent pour leurs opinions et leur ressenti. »

« C’est frappant de savoir que des gens peuvent être méprisés et harcelés sachant que leurs seul but est de faire évoluer les choses. »

« Dans la société, pour moi, un journaliste est un porte-parole qui dénonce des faits. Ils parlent aux noms de ceux qui n’ont pas le courage de le faire. »

 

Au tour des jeunes de témoigner

Elyse NGABIRE, journaliste burundaise en exil, s’est rendue au lycée professionnel Pierre Mendès France de Péronne dans l’académie d’Amiens, le lundi 19 mars. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la Semaine de la Presse et des Médias dans l’École® 2018.

Devant les élèves et les professeurs du Bac pro Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés (MELEC), Elyse NGABIRE a livré son témoignage sur la situation de la liberté de la presse au Burundi. Menacée pour ses articles, la journaliste a rejoint la France en septembre 2015.

La rencontre a commencé par une présentation de son parcours. Elle a échangé avec les élèves sur ses débuts dans la presse burundaise, au sein du groupe de presse Iwacu et les raisons de son exil. Auteure d’un article jugé dérangeant par le pouvoir en place, elle a été contrainte de fuir pour des raisons de sécurité. Le Burundi, dont elle est originaire, se classe à la 160ème place du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2017.

Ancienne résidente de la MDJ, Elyse Ngabire participe activement au programme de sensibilisation « Renvoyé spécial » et poursuit son engagement pour la liberté d’informer, en exil.

Réactions des élèves : à venir

Revue de presse :

Courrier Picard, « Une journaliste exilée témoigne au lycée Mendès-France de Péronne » publié le 19 mars 2018 par Patrick DELABY