Former pour mieux informer : à la MDJ, l’EPJT partage ses clés du métier
Le jeudi 3 avril 2025, dans le cadre d’un partenariat avec l’École Publique de Journalisme de Tours (EPJT), la Maison des journalistes a organisé une formation destinée à ses résidents. Animée toute la journée par Laurent Bigot, directeur de l’EPJT, cette formation s’est tenue dans la salle de réunion de la MDJ, où une dizaine de journalistes se sont réunis pour assister à une présentation articulée en trois volets : l’éducation aux médias, le fact-checking et l’insertion professionnelle des journalistes.
Cette journée a été rythmée par de nombreux échanges, débats et témoignages, dans une atmosphère d’apprentissage et de partage d’expériences
Un des objectifs de l’éducation aux médias et à l’information est de comprendre la manière dont l’information est fabriquée et véhiculée. Au vu de l’essor des réseaux sociaux, les médias traditionnels sont aujourd’hui loin d’être les seuls pourvoyeurs d’information. Il faut donc s’intéresser aux autres sources d’actualité, à leur fonctionnement et dysfonctionnement.
Les journalistes ont ainsi débattu et échangé sur le rôle des influenceurs, sur la façon dont les jeunes s’informent, et sur la nécessité pour les médias traditionnels de se présenter à ces derniers, afin d’attirer leur attention. La question de la sensibilisation est revenue plusieurs fois au centre de la discussion. Laurent Bigot et les journalistes de la MDJ ont notamment abordé l’importance d’informer les jeunes en les invitant à être plus prudents dans l’utilisation des réseaux sociaux comme source d’information, notamment dans le cadre de la participation de plusieurs journalistes au programme “Renvoyé spécial”.
Au vu de la multiplicité des sources d’informations aujourd’hui, la question de la désinformation et de ses dangers s’est naturellement imposée comme un enjeu central. C’était précisément l’objet de la deuxième partie de la formation : le fact-checking, présenté comme une compétence désormais indispensable pour tout journaliste.
Les fausses informations sont de plus en plus faciles à produire (avec des deepfake par exemple), et à faire circuler (via les trolls, les réseaux,…).
Laurent Bigot a donc souligné l’importance de la vérification des sources, mais aussi de l’éducation des populations à ces questions, afin que ces dernières, même si elles sont exposées aux fausses informations, soient en capacité de les reconnaître, ou du moins de s’en méfier.
Les journalistes ont enrichi la discussion en apportant un autre regard, soulignant la différence entre la France et leurs pays d’origine : ils expliquent que le prisme n’est pas le même, car il n’est pas rare que dans leurs pays, ce soit l’état lui-même qui façonne la fausse information, demandant ensuite aux journalistes de la véhiculer, de participer à la propagande sous prétexte d’exercer un traitement “patriotique” de l’information. Dès lors, l’enjeu de la désinformation et de la lutte contre cette dernière n’est plus le même.
Dans le prolongement de cette discussion, Laurent Bigot et les journalistes ont discuté ensemble de la manière dont ils adaptent les formations d’éducation aux médias et à l’information en fonction des publics auxquels ils s’adressent. Dans le cadre du programme Renvoyé spécial, les journalistes de la MDJ ajustent ainsi leurs présentations selon qu’ils interviennent auprès de lycéens, ou de publics plus spécifiques comme les mineurs accompagnés par la protection judiciaire ou encore les personnes placées sous main de justice, afin de favoriser une meilleure compréhension et interaction autour des enjeux de l’information et de la liberté de la presse.
La journée de formation s’est conclue par des explications pratiques sur les modalités d’exercice du métier de journalisme en France, et sur l’insertion professionnelle des journalistes. Laurent Bigot est notamment revenu sur la pige, en expliquant l’opportunité que celle-ci peut représenter pour de nombreux journalistes, au vu du statut qu’elle procure, de la possibilité de travailler pour diverses rédactions, sans avoir besoin d’un CDD ou CDI.
Par la suite, les procédures pour obtenir la carte de presse ont été expliquées, des étapes administratives aux conditions à remplir, jusqu’aux avantages que celle-ci offre.
Cette formation s’inscrit dans la continuité d’un programme de mentorat mené en début d’année entre les journalistes de la MDJ et les étudiants de l’EPJT. Ensemble, ils ont travaillé sur des sujets internationaux, donnant lieu à la publication de cinq articles sur des pays marqués par des contextes politiques et médiatiques complexes : la Tunisie, l’Égypte, Haïti, la Russie, et l’Afghanistan.
Avec la contribution de Juliette Durand
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