RENVOYÉ SPÉCIAL. LA MDJ ENGAGÉE AUPRÈS DES SPIP POUR L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS ET À L’INFORMATION
Ce jeudi 24 octobre 2024, la MDJ a accueilli cinq visiteurs venus échanger avec le journaliste haïtien Jean Samuel Mentor, dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial SPIP. Depuis 2018, ces rencontres sont le fruit d’un partenariat pérenne avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Paris.
Le SPIP et la MDJ, deux partenaires engagés pour la citoyenneté
Depuis 2018, la Maison des journalistes collabore avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Paris dans le cadre du programme Renvoyé Spécial SPIP. Soutenu financièrement par la DPMP de la Ville de Paris et du FIPDR, ce dispositif s’adresse aux prévenus (personnes en attente de jugement) et aux détenus (personnes jugées), aussi bien en milieu carcéral ouvert que fermé.
À l’échelle nationale, les 104 SPIP jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des prévenus et des détenus, dans une démarche de justice restaurative visant à prévenir la récidive. Ils proposent divers programmes axés sur la réinsertion, en partenariat avec des acteurs publics et privés, notamment des associations.
Dans ce cadre, le SPIP de Paris organise chaque année des visites à la Maison des Journalistes pour plusieurs groupes en milieu ouvert. Ces visites permettent aux bénéficiaires d’explorer les locaux de la MDJ, de discuter des enjeux liés à la liberté d’expression et d’échanger avec les journalistes accueillis.
Le jeudi 24 octobre dernier, cinq participants ont ainsi découvert les installations de la MDJ et rencontré Jean Samuel Mentor, journaliste haïtien en résidence. Ces échanges enrichissants participent à une prise de conscience des libertés fondamentales et des défis auxquels sont confrontés les journalistes exilés.
La MDJ, un lieu de vie imprégné par la défense de la liberté d’expression
Ce jeudi après-midi, Oumaïma Charaf, chargée de sensibilisation de la MDJ, a présenté les trois grandes missions de l’association à un groupe du SPIP, lors d’un parcours à travers les locaux situés dans l’ancienne usine de brosses.
Créée en 2002, la Maison des journalistes (MDJ) a pour mission principale d’accueillir et d’accompagner les journalistes exilés en France. Dès l’entrée, les visiteurs sont plongés dans la deuxième mission de l’association : sensibiliser. L’exposition Cartooning for Peace, qui les accueille, invite à réfléchir sur les enjeux de la liberté d’expression.
Au fil de la visite, le groupe découvre également L’Œil de la MDJ, un média en ligne qui permet aux journalistes exilés de continuer à exercer leur métier, tout en illustrant la troisième mission : informer.
Enfin, les escaliers en colimaçon mènent à l’étage où se trouvent les chambres des résidents, chacune portant le nom d’un média mécène. En longeant les portes bleues, Oumaïma Charaf rappelle que la mission fondatrice de la MDJ reste inchangée : offrir un refuge et un soutien aux journalistes contraints de fuir leur pays.
La dernière étape du parcours se trouve dans la salle SCAM, au sous-sol, où le groupe accompagné par le SPIP de Paris rencontre Jean Samuel Mentor. Journaliste haïtien, il présente aux visiteurs la situation géopolitique de son pays à travers une série de photographies. Cette situation se dégrade depuis le tremblement de terre meurtrier de 2010, dont les dégâts matériels n’ont toujours pas été réparés malgré les fonds réunis à l’échelle internationale. Selon Jean Samuel Mentor, si les conséquences de ce retard sont aggravées par les catastrophes climatiques successivement subies en Haïti, elles s’ancrent sous l’effet de l’instabilité politique et de la corruption qui gangrènent le pays depuis l’intérieur, et de l’ingérence des puissances étrangères qui le freine depuis l’extérieur. Aujourd’hui, les journalistes subissent tout particulièrement le contexte difficile en Haïti, marqué par la violence et la pauvreté. Prise en étaux entre la répression politique et le contrôle des gangs, leur liberté d’informer est également limitée par leur grande précarité économique. En 2024, Haïti se classe ainsi à la 93e place du classement mondial de la liberté de la presse, publié le 3 mai dernier par Reporters Sans Frontière. Face aux menaces reçues suite à l’une de ses enquêtes, Jean Samuel Mentor a dû prendre la décision de fuir Haïti pour poursuivre sa passion : informer.
Avec la contribution de Lucie Paillard
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