LA MDJ ENGAGÉE POUR L’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ DANS L’ESPACE FRANCOPHONE.

Mercredi 2 octobre, la Maison des journalistes, représentée par Darline Cothière, était présente au festival « Refaire le Monde » pour prendre part au débat « La Francophonie pour une éducation à la citoyenneté innovante », avec Blaise Pascal Andzongo, Président de l’association « Eduk Media » et représentant Afrique de l’Alliance de l’UNESCO pour l’EMI, André Lavoie, journaliste et cofondateur du CQEMI, et Nathalie Sonnac, professeure des Universités à Paris 2 Panthéon-Assas et Présidente du Conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI. Durant cet échange, les intervenants ont souligné les enjeux démocratiques de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans l’espace francophone, en revenant notamment sur le rôle joué par le programme « Renvoyé spécial » dans la formation des consciences citoyennes en France.

La Francophonie, un espace de mobilisation pour l’EMI

Le festival « Refaire le Monde » s’est tenu du 2 au 6 octobre 2024 à l’occasion du 19e Sommet de la Francophonie. Ses dizaines d’événements célèbrent la diversité d’une communauté culturelle et linguistique qui s’étend sur les cinq continents, en proposant de repenser le monde depuis cet espace pour construire notre avenir. S’inscrivant dans cette perspective, le débat « La Francophonie pour une éducation à la citoyenneté innovante » a souligné la nécessité démocratique de former les jeunes à s’informer, en croisant les points de vue québécois, camerounais et français. En effet, malgré des contextes nationaux variés, les enjeux de la désinformation comme de la surinformation traversent les sociétés contemporaines : « On partage les mêmes problèmes, bien qu’on ne les nomme pas toujours de la même façon », explique André Lavoie. La Francophonie se présente ainsi comme un espace pertinent pour porter des projets communs et s’enrichir mutuellement afin de développer l’EMI.

« L’information, c’est comme de l’eau. Quand vous n’en avez pas, vous mourez. Quand elle est sale, vous tombez malade. »

Blaise Pascal Andzongo

L’EMI, facteur de démocratie

Si la multiplication des sources d’information peut enrichir le débat public, leur mauvaise utilisation mène à une « infobésité », à la désinformation et à une méfiance envers les médias, en partie à l’origine de la montée de l’extrême droite et de la radicalisation. Dans certains contextes, comme en Afrique de l’Ouest, ces problématiques mettent directement en péril l’intégrité physique des personnes. En effet, selon Blaise Pascal Andzongo, la désinformation crée et entretient des conflits armés, encourage les populations à prendre des décisions inadéquates, voire dangereuses, et peut éloigner des services publics. Éduquer les jeunes – et à travers eux l’ensemble de la population – à utiliser les médias relève donc de l’urgence, mais tient également une place centrale dans la construction de notre avenir commun en réponse aux crises climatique et sociales. « Pour changer le monde, il faut d’abord le comprendre », affirme André Lavoie, approuvé par les trois autres participants.

La Maison des journalistes, actrice incontournable de l’EMI grâce à son programme « Renvoyé spécial »

« À partir du lien humain, on arrive à faire comprendre que l’information est précieuse, et que c’est à chaque citoyen de protéger ce bien commun . »

Depuis 2006, les résidents de la MDJ témoignent auprès des lycéens dans le cadre du programme « Renvoyé spécial » porté avec le CLEMI. Chaque année, les journalistes exilés partagent leur histoire dans une quarantaine d’établissements en France. Suite à l’attentat de Charlie Hebdo en 2015, les demandes d’interventions ont augmenté en raison du besoin urgent d’accompagner les professeurs dans l’enseignement de la liberté d’expression et de la presse. En réponse à cela, la MDJ a développé des outils pédagogiques sur lesquels les journalistes exilés s’appuient pour sensibiliser les jeunes à l’utilisation des médias. Aujourd’hui, la force de l’EMI menée par les journalistes exilés s’appuie sur leurs parcours. Ayant dû fuir leur pays pour avoir exercé leur profession, ils incarnent l’importance de la liberté d’expression et des valeurs citoyennes que le programme « Renvoyé spécial » vise à transmettre aux lycéens. Ces rencontres suscitent la réflexion des jeunes et leur ouverture sur le monde. « À partir du lien humain, on arrive à faire comprendre que l’information est précieuse, et que c’est à chaque citoyen de protéger ce bien commun », résume Darline Cothière.

Dès novembre prochain, le programme « Renvoyé Spécial » sera de retour pour une 19e édition.

Par Lucie Paillard

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